Errances à Jeju-do

On en a connu des galères en voyage. Mais alors jamais celle-là ! On a décidé il y a quelques jours de se rendre sur Jeju. On a eu des billets gratuits, vous vous souvenez ? Figurez-vous qu’en plus d’être gratuits, ils étaient première classe ! Dommage que le vol n’ait duré que 50 min ceci dit… bref.

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Jeju, c’est un peu l’Ile Maurice de la Corée. Tout le monde veut y aller, les brochures sont dithyrambiques et vendent la destination comme le paradis sur terre. Des plages fantastiques, des paysages à couper le souffle, un volcan classé patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco… la totale ! La grimace des gens à qui on disait qu’on avait rien réservé aurait du nous mettre la puce à l’oreille. Nous sommes partis sans avoir réservé quoi que ce soit, et surtout pas un hébergement. On se dit qu’il y a toujours de la place et qu’on trouvera au dernier moment. Comme ça, on est libres d’aller où on veut. Nous voilà donc fraîchement débarqués à l’aéroport de Jeju. On prend quelques renseignements et on décide de traverser l’île directement pour atterrir à 60km, de l’autre côté, à Seogwipo. On descend du car puis on se met en route dans la nuit, un plan à la main. La guest house où nous voulions rester est complète. Bon, on change et on décide d’aller à côté. Complet. On se rend dans l’hôtel miteux à côté. Complet. Complet, complet, complet. Tout est complet ! Et il est bientôt 22h, y’a pas un chat dans les rues, on a visité tous les hôtels du coin et à chaque fois, c’est le même verdict. « No rooms. Full ! ». Vous imaginez bien qu’on commence alors à se dire « heuu… merde« . Le dernier hôtel que l’on tente – complètement hors budget – nous sert la même rengaine. Cette fois-ci, devant nos mines déconfites, les deux jeunes hommes à l’accueil décident d’essayer de nous indiquer une adresse ou deux. Puis finalement, après avoir demandé, ils décrochent leur téléphone et se mettent à appeler partout. Tout est complet. Le patron de l’hôtel arrive et parle un peu mieux anglais. On lui fait comprendre qu’on a une tente et là, miracle, il nous dit qu’il y a un camping à Dannaeko, à 15km de voiture d’ici. Ils nous appellent un taxi et nous accompagnent à la voiture, reprécisant bien au chauffeur où nous déposer. On les remercie puis nous quittons Seogwipo, sans même savoir s’il y aura de la place pour planter notre tente. 22h. Le taxi nous dépose et – très prévenant – prend bien soin de nous montrer où grimper les escaliers. On contourne d’énormes poubelles peu engageantes puis on grimpe une colline. Il y a des tentes partout ! Plus un centimètre carré de libre. Ou alors en pente et avec des cailloux. A force de chercher, on finit par trouver un espace près d’une autre tente, dans la terre battue. On s’installe alors que l’éclairage publique se coupe, on plante nos piquets dont la plupart se tordent. Il fait 30°, on ruisselle de sueur et on a les pieds plein de terre. 15 min d’efforts pour tout ranger et nous voilà dans la tente. Évidemment, on a pas mangé depuis le midi et il n’y a strictement rien aux alentours. Tant pis ! Alors l’histoire des réservations à Jeju au mois d’août n’était pas une légende… évidemment, allongés dans notre tente surchauffée, pas lavés, sans avoir mangé et sans savoir où nous sommes, on regrette un peu. Mais bon, ça fait parti du voyage ! Et puis c’est gratuit !

Le lendemain est plus chantant. Il y a 10 min de marche jusqu’à la route pour avoir un bus. On s’y traine comme on peut (on commence vraiment à avoir faim) et après un quart d’heure d’attente, le voilà. 20 min après, nous prenions un petit déjeuner gargantuesque dans un convenient store du coin : lait au chocolat en brique, muffin industriel, jus d’orange Minute Maid, gauffre sous vide et yaourt à la fraise. Et nous voilà repartis ! Il y a donc à l’est de l’île un petit volcan éteint, l’Ilchulbong qui est classé par l’Unesco. On prend un bus, puis un deuxième et au terme de 45 min d’attente interminable et d’1h de route on y arrive. L’ascension est vite faite quoi que pénible par cette chaleur et cette humidité. Mais le sommet réserve de belles surprises.

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Le cratère du volcan est « vert-pomme-granny » et contraste à merveille avec le bleu du détroit de Corée juste derrière. On devine ses pentes abruptes qui plongent directement dans la mer.

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De l’autre côté, on voit une grande partie de l’île et plein d’autres cratères. C’est très joli effectivement !

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On décide de faire le tour pour aller voir un point de vue sur le volcan, de l’autre côté de la baie. On a un peu l’impression de débarquer en Irlande : des chevaux, de l’herbe, un phare (en carton pâte)… on ne le sait pas encore mais on vient en fait d’arriver dans un studio à ciel ouvert : c’est là qu’ont été tournés plusieurs épisodes d’une série très suivie en Corée du genre « Des jours et des vies ». Pour les besoins du scénario, ils ont donc construit un phare et même un église dans un style très français. L’ensemble attire paraît-il des cars entiers de touristes !

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En revenant vers Seogwipo, on en profite pour aller voir une cascade et surtout sur son chemin, des Dolharubang.

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Ces drôles de petites statues qui ont été installées partout sur l’île il y à plus de 250 ans. Il en reste 45 en tout sur l’île. Mais de nombreuses copies ont été installées et au final, on ne sait plus lesquelles sont les originales ! Certaines sont signalées, mais la plupart du temps, il faut se repérer à la mousse qu’elles ont dans le dos…

Comme on projette de grimper l’Hallasan, le plus haut sommet de Corée, on se dit qu’une journée de plage nous fera du bien. Alors le lendemain, hop on enfile nos maillots de bain, on attrape nos serviettes de plages et c’est parti ! Le temps est couvert mais il fait horriblement chaud. Comme tous les coréens, on décide de louer une énorme bouée jaune pour aller « surfer sur les vagues ».

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C’est assez drôle ! On s’amuse comme ça 2h dans les vagues, puis il se met à pleuvoir. Bon comme nous, on imagine que vous auriez vous aussi remballé vos affaires pour quitter la plage. Et bien figurez-vous que nous étions les seuls et que les gens continuaient à affluer tranquillement sur la plage ! Il faut dire qu’eux, ils ne dorment pas en tente et qu’ils n’auront aucun problème pour sécher leurs affaires ce soir … A partir de là, ça a été le début d’une après midi de galère. Puisqu’il pleut, on cherche un endroit ou manger et… il y en a pas. Ou peu. On se remet donc à marcher et on échoue finalement… au Starbucks qui présente l’avantage d’être climatisé et où on pourra s’asseoir. La pluie ne cessant pas, on décide de rentrer sur Seogwipo, mais les bus sont introuvables. L’information touristique nous balance une info un peu miteuse à moitié en anglais. « After, cross, bridge. Yes, bridge, turn, after« . « Mais on traverse le pont ou bien on dépasse le pont ? » « Yes, bridge, after« . Finalement, on décide de traverser le pont et nous voilà repartis à attendre sous la pluie sous notre petit parapluie troué. Un bus passe enfin, plein comme un oeuf et nous redépose 45 min plus tard à Seogwipo. Il est déjà 17h. Les bus sur cette île, c’est une vraie plaie. Ils sont censés être réguliers (on nous dit toujours « ils passent toutes les 15min !) et on attend toujours au moins 45 min qu’ils passent, sans savoir s’il va vraiment où on veut aller. Parce qu’ici, tout ce qui est écrit en coréen a été doublé en lettres latines. Tout, sauf les horaires, routes et directions des bus. On a donc passé un temps infini en 3 jours sur cette île à attendre des hypothétiques bus. Pour résumer les choses, il faut vraiment être motorisé pour visiter Jeju, sans quoi c’est vite pénible.

Vu le temps, on se demande si le Hallassan sera faisable le lendemain. On trouve un poste internet, on se connecte et bingo… il pleut toute la matinée du dimanche. La randonnée est censée durer 9h, on ne se voit vraiment pas marcher 4 à 5h sous la pluie sans la garantie qu’on verra quelque chose du sommet. Alors la mort dans l’âme, on décide d’annuler notre ascension. Pour relativiser, on se dit que le Hallassan, c’est pas non plus le Kilimandjaro. C’est une collinette en comparaison et ce n’est pas un sommet mythique. Du coup, on profite d’Internet pour essayer de trouver un hébergement au nord, dans la ville principale. Beaucoup d’hôtels sont complets, mais on fini par en trouver un qui possède encore des chambres doubles. Pour ne pas se faire avoir une deuxième fois, on réserve grâce à l’aide d’une femme qui travaille à l’information touristique. La réservation a été tout un poème et la Guest House a l’air carrément introuvable, mais au moins, on a un toit pour notre dernière nuit.

Le transfert vers Seogwipo s’est fait assez simplement pour une fois, et le taxi nous a déposé pile ou il fallait. Notre chambre n’est pas prête mais au moins, on se débarrasse de nos sacs pour aller visiter les plus vastes et longs réseaux de tunnels de lave au monde, à 25km de Jeju-si. Et rebelotte. Quel bus ? Où ? Combien de temps ? On nous dit d’attendre d’abord le 92, là, après le 2ème convenient store. Puis de descendre au 4ème arrêt. Ensuite il faut attraper un bus interurbain mais ils n’ont pas de numéros. Il faudra donc demander à chaque bus qui passe. Puis descendre à Manjangul Cave. Puis marcher 2,5km pour atteindre le tunnel. Tout ça par 30° et un soleil de plomb. Oui c’est assez rageant: il fait beau ici, mais pas sur l’Hallassan. Grrrr. La visite des tunnels de lave a été très impressionnante et surtout, extrêmement fraîche.

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Il fait 13° là dessous et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on se promène sur les 2km de tunnel ouverts au public. Certaines parties du tunnel sont hautes comme des Cathédrales et on en apprend pas mal sur les forces géologiques qui ont rendu possible la formation d’un si vaste réseau. On termine notre journée en mangeant une glace sur le front de mer tandis que les vagues viennent frapper le mur anti-tsunami. Au dessus de nos têtes, le ballet incessant des avions qui atterrissent à Jeju-do et emmènent avec eux des centaines de personnes qui rêvent d’exotisme.

Notre avis à nous est plus mitigé. On a joué de malchance l’après midi où nous voulions rester à la plage il est vrai, mais on est assez partagés sur « le paradis sur terre » promis par le guide. C’est une belle île oui. Mais elle est très urbanisée, mis à part en son centre. Et surtout, elle est très – trop – touristique. Et puis notre référence n’arrange pas les affaires de Jeju. Il est clair que les auteurs du guide n’ont jamais été à La Réunion (petit instant de chauvinisme).

On vous embrasse tous, merci encore pour vos commentaires et votre lecture assidue !

Céline & Guy

3 réflexions sur “Errances à Jeju-do

  1. Voyager en première et planter sa tente derrière …quel contraste !! Et la photo de Guy sous le parasol …m’a faite mourir de rire à cause du gros bébé coréen dans son « pitit » maillot de bain ! Excellent !

  2. Hello!! Je vous ai lu depuis le début, mais à chaque fois prise par le temps, je ne laissais pas de commentaire!
    Quelle aventure cette île « paradisiaque »! C’est sport tout ca quand même!!!
    Moi aussi le gros bébé coréen m’a fait bien rire en voyant la photo!(Il fait peut être parti du « paradis » vu par les Coréens…).
    Vivement la suite! Bisoo

  3. Ohlala mes pauvres !!!!! c’est un peu la loose cette île paradisiaque… Bon, au moins, on sait maintenant que si on va en Corée on évitera 😉

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