*Slogan de la ville de Gyeongju
21h, mardi soir.
Le bus en provenance de Andong nous dépose au terminal de Gyeongju. Il fait nuit et partout autour de nous, des néons clignotent et illuminent la nuit. Motel Dollar, Motel Romance, Sky Motel, Show motel, Motel Time. Il manque plus que le Caesar Palace et on se croirait à Las Vegas. Une urgence: on débarque comme d’habitude les mains dans les poches et la fleur au fusil et il nous faut trouver un hébergement pour le soir. On a rapidement zyeuté le guide pour trouver ne serait-ce qu’une zone vers laquelle se diriger. On peine à trouver la bonne rue, pas facile de se diriger dans une ville la nuit. On finit par arriver sur un grand boulevard, c’est parti pour 15min de marche à l’aveuglette qui nous emmènent dans un quartier très sombre et très « bas » de Gyeongju. On déniche la guest house, mais y a t-il des chambres libres ? La gentille propriétaire nous en montre une, la dernière qu’elle a de disponible, mais elle est très grande (pour 4 à 5 personnes) et coute 45.000 won. C’est hors budget, mais on va tout de même voir. La chambre est super « moite » et sent le vomi. On a pas de temps à perdre, il est déjà bientôt 22h, on décide de quitter les lieux en la remerciant chaleureusement. Hop, c’est reparti dans l’autre sens, on se redirige vers le quartier de la gare. Le tout, c’est de trouver une chambre pour la nuit et là-bas, on n’a pu que constater qu’il y avait profusion de motels. On en trouve un qui semble bien, un écriteau indique « Plese ring the bell » (oui il manque le ‘a’ à please). On sonne, on tape, on appelle. Personne. Bon, ça commence à être pénible. Un jeune homme sort de sa chambre et appelle la propriétaire qui en fait avait laissé son numéro mais sur un écriteau tout en coréen. Forcément. Elle accoure immédiatement et nous montre une chambre avec frigo, fontaine d’eau fraiche, Internet, un grand lit, une salle de bain impeccable. Et le tout pour 30.000 won* (* 20 euros). Banco, on prend ! On y restera en fait toute la durée de notre séjour. Le temps de faire nos lessives et surtout de faire sécher le linge (après le Seoraksan, on a quand même passé toute une soirée au sèche-cheveux à sécher chaussures, sacs et vêtements…!)
Le lendemain, Gyeongju s’est révélée à nous. Charmante petite ville du Sud à quelques trente kilomètres de la mer, elle n’a cessé de nous étonner. Ville phare de la dynastie Silla (bien avant celle des Joseon), elle abrite une densité incroyable de temples, de tombes et… de tumuli ! Partout où le regard se pose, on voit ces petites collines au dos rond se profiler. Et leur silhouette potelée et toute arrondie est comme une invitation à venir se lover sur leurs flancs verts émeraude. On aurait envie de les prendre dans les bras, ils ont l’air tout doux. On n’a pas cessé de déambuler entre ces petites buttes abritant encore les tombeaux des plus grands rois de la dynastie Silla (57 – 935 ap. J.C).
Pour en savoir plus sur cette période, un tour au musée archéologique de Gyeongju s’avérait indispensable. Le musée – gratuit – dispose d’une impressionnante collection de pièces archéologiques découvertes lors de fouilles au début du XXème siècle sur toute la surface de Gyeongju. Par pure ignorance, nous ne savions pas que la Corée avait, dans son passé, produit de si beaux joyaux d’orfèvrerie, de sculpture et de poterie. Le haut degré de technicité de Silla s’est avérée fascinante et on a surtout pris conscience qu’ils n’avaient rien à envier à d’autres civilisations.
Après ce départ frais (le musée est climatisé, ce qui est une bénédiction au vu de la chaleur étouffante qui règne dehors), nous avons déambulé, un ice-coffee et un parapluie* (* quelqu’un nous a dit un jour « En Asie, le parapluie, c’est indispensable: contre la pluie, mais aussi contre le soleil et même contre les chiens ! ») à la main à travers les champs et parcs qui barrent la ville. C’est fascinant de pouvoir prendre un thé dans un Coffee Shop un moment, puis de déambuler dans un splendide champ de fleur l’instant d’après. Là, des fleurs de lotus en pleine éclosion, ici le plus vieil observatoire astronomique d’Asie, là encore un tumulus qui nous tend les bras. Cette ville appelle à la rêverie. La musique classique mélancolique diffusée dans les hauts parleurs dans le parc des Tumuli y est-elle pour quelque chose ?
Au sud de Gyeongju, il y a un parc naturel organisé autours d’une petite montagne, le Namsan. On est évidemment allés y faire un tour pour aller voir si, de tout en haut, la vue était belle. Le parc est également un gigantesque site archéologique. Au fur et à mesure que nous grimpions, nous pouvions découvrir des sculptures et gravures datant toutes de l’époque Silla.
Le Namsan culmine à 437m. Autant dire que c’est un petit caillou. Mais par plus de 30°, un taux d’humidité record et un soleil de plomb, ça n’a pas été hyper évident figurez-vous. On aura mis un peu moins de 2h pour faire les 3km d’ascension jusqu’au sommet. Et d’en haut, on confirme: la vue est est à couper le souffle.
De retour à Gyeongju après une interminable attente d’un hypothétique bus (à croire que le 500 ne passe qu’une fois tous les 36 du mois), nous nous sommes précipités dans un de ces cafés qui pullulent un peu partout en Corée. Les Coréens sont friands de café glacé, d’ice tea à la pêche et autres chocolats glacés. Un bien bon remontant après près de 4h de randonnée. Surtout que le petit café en question était climatisé.
On ressort malgré tout pour continuer notre promenade, et c’est écrasés par la chaleur que nous atteignons l’Etang Anapji. Un petit parc organisé autour d’un plan d’eau qui servait aux promenades des rois de Silla. On s’installe sur un banc le temps d’une sieste puis on déambule tranquillement en refaisant le monde, notre bouteille de 2 litres d’eau à la main. Une bambouseraie, des écureuils et le soleil qui baisse enfin. C’est parfait. On devait rejoindre pour terminer la journée une pagode à 25 min de marche encore.
Mais nos pieds nous disent stop. On ira demain en vélo. On rebrousse chemin et le temps pour Guy de tripoter quelques courgettes dans cet énorme champs « en l’air », nous voilà attablés devant une énorme assiette de poulet pimenté, du choux fermenté et deux cocas.
Pour notre dernière journée dans le coin, nous nous sommes quelque peu éloignés de la ville. A 16km, un temple et une « grotte » ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Hop, on grimpe dans un bus et on y va. Le temple est splendide mais très touristique. Il y a non seulement beaucoup de monde, mais aussi des marchands du temple tout le long de l’allée qui mène à l’entrée principale. Certaines femmes vendent des larves d’insectes revenus dans de l’huile. Je les propose à Guy avec un très ingénu « aaah tiens, t’as vu ? », ce à quoi il me répond « pas maintenant, il est trop tôt ». Et on ne repassera pas devant les larves. Les peintures à l’intérieur du temple sont belles, mais ce sont surtout les deux ponts et la pagode en pierre (non détruite par les japonais lors de l’invasion fin XVIe) qui sont des chefs d’oeuvres de l’architecture Silla.
A 15 min de bus au dessus du temple, git une grotte apparemment exceptionnelle qui a donc également été classée. Après un petit sprint jusqu’à l’arrêt des bus, on s’installe dans le véhicule climatisé à destination de ce joyau. On doit vous dire qu’on a été quelque peu déçus… un peu comme certaines personnes lorsqu’elles arrivent devant la Joconde et se disent « Ah ? Mais… c’est tout petit ! ». Et bien il en a été de même pour nous. On ne sait pas pourquoi, on s’attendait à une grotte immense dans laquelle on allait rentrer, admirer des formations géologiques fantastiques et marcher pendant des kilomètres (un peu comme à Guilin dans le sud de la Chine). En fait, pas du tout. Après avoir pris le bus, arpenté un chemin pendant un bon quart d’heure, grimpé une volée de marche, on arrive enfin à la grotte. En fait de grotte, c’est un renfoncement au centre duquel a été sculpté un énorme Bouddha en granit. Pour protéger la grotte des visiteurs, un énorme plexy a été posé. L’endroit se résume donc à un étroit couloir un peu sombre, rempli de personnes qui tendent le cou pour essayer d’apercevoir la statue. Plus rapide encore que pour Mao, en 30s, nous étions déjà sortis. A sa décharge, le Bouddha de granit est effectivement très beau.
Pour notre dernière après midi, on a décidé de louer un Tandem pour se promener dans les parcs du centre ville. Faire du vélo, c’est bien. Rouler en tandem, c’est fun ! Pendant que l’un pédale (Guy), l’autre derrière (moi) peut regarder le paysage, se tourner les pouces, prendre des photos… c’est vraiment très sympa !
Le vélo nous a permis de nous éloigner quelque peu et découvrir d’autres sites archéologiques et surtout de nouveaux aspects de cette « ville à la campagne » qu’est Gyeongju. On quitte la ville demain pour l’ultime étape dans le sud de la Corée « continentale », la dynamique et fantastiquement moderne Busan !
A très vite,
Céline & Guy
PS: Le repas du soir…
Que de fraîcheur et de verdure ! Je n’imaginais pas la Corée si verdoyante et campagnarde ! Les peintures du temple sont belles mais l’un des personnages me fait penser à un vampire. Sympa la balade en tandem, surtout si on est paresseux(se) pour pédaler !!! Big bisous et à bientôt !
Moi paresseuse ?? Tu me connais très mal m’man ;))
C’est vraiment pas gentil de nous montrer les plats que vous mangez !! Vous pensez un peu à mon estomac ?? Rien que les photos ça le fait réagir !!
Faudra qu’on s’fasse un Coréen en rentrant 🙂 Histoire de satisfaire ton estomac !!
Je plussoie ! Toute cette nourriture m’incite à voyager ! C’est un voyage pour les papilles gustatives ! Autant on peut voir ce que vous voyez, autant on ne peut goûter ce que vous manger ! 😮
Bonsoir Céline et Guy,
Je viens de lire vos commentaires sur Gyeongju et la Corée du Nord. Très bien écrit. Stupéfiant!
Je suis Philippe, le prof d’anglais de Vienne en Isère.
On s’est rencontré le 25 /07/13 dans le parc des tumuli à Gyeongju.
Il faisait très chaud…on avait bien discuté !
Vous avez fait un sacré voyage !!
Quant à moi, je suis allé jusqu’à Busan, pris le ferry pour Fukuoka, puis Nagasaki, Hiroshima ( j’ai assisté à la cérémonie du 6 août ) Kyoto et Tokyo.
J’ai adoré le Japon …vous me l’aviez dit…c’est le pays asiatique qui m’a pour l’instant le plus plu.
J’espère que vous allez bien.
A bientôt,
Philippe