Le voyage, c’est comme une drogue dure. On en fait un, puis deux, puis 10 et on ne peut plus s’arrêter. Plus de 3 semaines que nous sommes partis et c’est déjà bientôt terminé. Il nous reste un peu moins de 2 semaines et le temps court vite. Alors on réfléchit à la suite et on rêve déjà du prochain voyage vers des contrées lointaines : où ? Quand ? Combien de temps ? En attendant, on regarde notre carte et on se rend compte du chemin parcouru. Notre tour de Corée en 5 semaines commence à prendre sacrément forme. C’est beau de se retourner sur ses pas et de mesurer les kilomètres effectués. On repense aux rencontres, aux galères qui nous font rire, au poids du sac sur les épaules et à la douceur de la pluie sur nos visages. Et puis on regarde devant nous et les kilomètres restant nous appellent. Alors on reprend la route, et on attend le bus suivant.

  

On est restés une dernière journée à Jeju avant de prendre notre avion il y a de cela quelques jours. Guy a eu une excellente idée : visiter le « Parc des Pierres ». Un coup de coeur du Lonely. Pourtant, il s’était juré de ne plus suivre le guide, qui a été une catastrophe de bout en bout (informations erronées, approximatives voire obsolètes ! Je commence à me dire que je vais leur écrire au retour d’ailleurs !). Le Parc des Pierres, c’est en fait un vaste parc… avec des pierres. Je pense que j’ai plutôt bien résumé la chose. Ah, il y a des racines aussi. Pas mal de racines. Le concept est très étonnant : exposer en extérieur comme en intérieur, des pierres trouvées sur Jeju, jugées artistiques. Ce ne sont pas des sculptures, mais des roches volcaniques la plupart du temps. Elles se sont figées dans des formes effectivement plus ou moins… comment dire… plus ou moins « intéressantes ».

On a bien rigolé ceci étant dit, tant nous n’avons pas été « touché » par la grâce de la pierre et de la racine. Comme dit Guy « Fallait y penser en même temps. Et oser ». Voyez-vous la Vierge à l’Enfant sur celle-ci ?

Le parc permet également d’approcher de la culture artistique traditionnelle de Jeju. Partout, dans des bosquets, des sous bois, sont exposées d’anciennes sculptures gagnées progressivement par la mousse et on a l’impression à chaque virage de découvrir un site archéologique. C’est assez chouette.

  

Un retour express sur Busan, puis nos sacs étaient de nouveaux ficelés, attendant le départ vers d’autres horizons.

Nous avons choisi d’aller vers Jeonju, dans l’Ouest. On pose là nos sacs et la ville nous sert de point de départ pour de nombreuses excursions dans toute la région. La ville en elle-même n’a rien de particulièrement attrayant. Sauf son quartier des Hanoks, un des plus grands de Corée. On est assomés par la chaleur, il fait 40° à l’ombre et il n’y a pas de vent. Une énorme église (anciennement cathédrale) a été construite par un missionnaire français au tout début du XXème siècle. Elle est toute en briques rouges et est un savant mélange d’art roman, byzantin et asiatique. Le contraste avec les hanoks traditionnels voisins est saisissant.

  

La promenade dans les environs est agréable quoi que très éprouvante là aussi: le taux d’humidité atteint un niveau record et le moindre mouvement génère des suées fantastiques. Nos t-shirt sont mouillés en permanence, Guy est obligé de se ressuyer le visage ruisselant de sueur régulièrement avec sa casquette, tandis que je transpire du dessous des yeux. La moiteur ambiante est à la limite du supportable. Assis sur un banc les pieds dans l’eau (quelqu’un a eu la bonne idée de faire courir le long du trottoir un petit canal dans lequel coule une eau fraîche rassérénante), on se déssèche tranquillement lorsqu’on entend un « Whèrareyoufrôm? ». On se retourne et derrière nous, se tient un petit homme tout habillé de lin blanc, l’oeil goguenard, un chapeau vissé sur la tête. C’est Jeon-Yong-Ha, 75 ans au compteur, toujours fringuant et dynamique.

Il engage  la conversation et le voilà parti à nous raconter l’histoire des invasions japonaises aux XIVe et XVIe siècle. Il vit ici à Jeonju avec sa femme. Ses deux fils vivent à Séoul et sa fille, dans le New Jersey pas loin de New York. New York, il connaît bien, il y est allé 3 fois déjà. Il est fier de nous parler de ses 8 petits enfants. Il nous invite à manger une glace avec lui, et nous la paie malgré nos protestations. La vendeuse décide du coup de lui offrir également sa glace. On fait quelques pas avec lui en parlant de tout et de rien, puis on échange nos adresses. On lui enverra les photos prises avec lui, il nous fait lui promettre en entrelaçant nos petits doigts. Un signe de la tête, il nous sert la main et repart tout content d’avoir notre adresse sur un bout de papier. Le coeur léger, on part de notre côté. On ne compte plus le nombre de gens qui nous ont abordé, offert à manger dans le bus, à la gare. Les coréens sont vraiment fantastiques.

A 1h30 de Jeondu en bus, il y a un site absolument fantastique à visiter : le site archéologique de Gochang. Là, ont été découverts il y a de nombreuses années maintenant, dans les champs, de nombreux Dolmens. Oui, des Dolmens… ! Et on découvre que non, la Bretagne et le monde celtique de manière générale n’a pas l’apanage de la construction de ces ensembles funéraires. N’en déplaise à mon voyageur breton. Comme il fait plus de 40°, un soleil à crever sur place et que le site est à plus d’1km de marche (dois-je préciser qu’il n’y a pas une once d’ombre ?), on se sent un peu découragés. Mais les coréens ont tout prévu : il y a un petit train touristique qui fait la navette entre le musée que nous venons de visiter et le site. On cède aux sirènes de la facilité et on prend deux billets à bord du train qui emmène parents fatigués et enfants criards vers le site. La déconvenue ne s’est pas faite attendre évidemment : le train part, longe le site vers l’ouest, puis revient par le même chemin et nous arrête devant une boutique. Et on a strictement rien vu. Argl. On s’échappe du train pendant que le conducteur a le dos tourné pour aller s’enfoncer dans la verdure et tâter du Dolmen de plus près. On entend bien le train nous appeler en klaxonnant. Mais on fait la sourde oreille et on continue notre promenade. Et le train repart.

Le site est classé lui aussi au Patrimoine mondial de l’Humanité et date de l’âge de Bronze (1500 ans avant notre ère). Les Dolmens sont splendides et il est vrai que le temps d’un instant, on a l’impression de se promener quelque part dans la forêt de Brocéliande…

Petite devinette: qu’est-ce que l’alternance d’une température à 40° avec 95% d’humidité avec une température de 25° et un t-shirt mouillé de sueur peut provoquer chez l’Homme ?

Vous avez deviné… un énorme rhume. Mon nez s’est transformé en une fontaine de muccus (pardonnez moi les détails) et permettez-moi de vous dire qu’avec la chaleur ambiante, c’est la Croix et la Bannière (d’ailleurs, si vous avez des remedes pour guerir un rhume sans medocs, on est prenneurs !). Mais bon, on ne se laisse pas pour autant abattre et quelques Mandus ont tôt fait de réchauffer les coeurs…

  

On vous embrasse tous, merci pour vos petits mots !

Céline & Guy