Nous avons le sentiment de passer notre temps à manger. Tout à l’air bon, tout est nouveau, il y a une variété incroyable et on se laisse toujours très facilement tenter par ce qui se vend dans la rue sous des bicoques de fortunes. Enrobé de fumées appétissantes et occupé à plusieurs fourneaux, un homme touille une sauce rouge dans laquelle flottent des petit cylindres blancs.

Il ne nous en faut pas plus, on passe commande. Un petit sachet plastique transparent et quelques cure-dents feront l’affaire pour emporter notre pitance (il est alors 17h). On se trouve un coin de trottoir et on pioche dans le sac. C’est pas mauvais du tout ! La texture est assez épaisse et élastique, la sauce est délicieuse. Il s’agit en fait de pâtes de poisson, un régal.

  

Et puis il y a cet autre plat qui nous a également intrigué sur notre passage: une espèce d’énorme omelette qui vient recouvrir des légumes et des fruits de mer revenus dans de l’huile. On découpe ça a la baguette, on trempe les morceaux dans de la sauce soja, on ajoute du Kimchi et on déguste. Une explosion de saveurs en bouche ! Guy s’est aussi laissé tenter par du vin coréen: un mélange laiteux et gazeux à mi chemin entre du vin et de la bière. Les coréens s’ en envoient plusieurs bouteilles par repas (et par personne), Guy ne voyait plus ses baguettes à la moitié de la bouteille seulement. On leur a laissé la fin du coup. Je ne me voyais pas trimballer Guy dans une brouette à travers tout Insa-Dong.

La mousson traîne ses guêtres sur la Corée et ce moment et en profite pour se décharger régulièrement de quelques litres de pluie sur nos têtes. Non pas que ce soit désagréable, loin de là. Il fait en permanence 30° pour 80 à 90% d’humidité. Quand il se met à pleuvoir légèrement, c’est un soulagement (qui ne dure en général que quelques minutes. Les « douches » comme ils les appellent sont très très courtes). Mais jusqu’à présent, on a eu plutôt pas mal de chance. Et aujourd’hui (mercredi), c’est le jour qu’on a choisi pour grimper au sommet du mont Namsan pour voir la ville d’en haut. Évidemment, aujourd’hui le temps a été extrêmement brumeux et on a rien pu voir une fois arrivés en haut.

  

Mais ce n’est pas grave, pour la beauté du geste nous avons fait les 6km de randonnée du pied du mont jusqu’au sommet. Le temps pour nous de croiser la route d’un ver de terre géant, d’un simili samouraï et de voir les milliers de mots d’amour qui ont été écrits sur autant de milliers de cadenas accrochés pour l’éternité (sic) au sommet de Séoul.

  

  

Redescendus, nous avons pu (juste après manger, bravo !) tester une fois de plus des machines de sport laissées à disposition des séouliens un peu partout en ville. On peut faire des tractions, des étirements du dos, du rameur, des exercices de fitness et… on peut aussi se mettre la tête en bas !

  

Sur la foultitude de temples présents à Séoul, nous avons décidé d’en visiter un dernier, incontournable, le Jongmyo. Il renferme des tablettes qui n’ont pas été perdues dans les multiples incendies, destructions et autre mise à sac de villes perpétrés par les japonais depuis le XVIème siècle. Ces tablettes sont sacrées car elles renferment – dit-on -, les esprits des derniers rois et reines de la dynastie Joseon (la dernière dynastie avant l’occupation japonaise au début du XXème siècle). 3 sont visibles du public et les autres sont soigneusement gardées dans cet énorme temple que l’on voit en arrière-plan.

  

Pas de fenêtres, pas de lumières, interdiction formelle de s’approcher des portes, personne n’entre. On espère ainsi préserver leur tranquillité. Les esprits des rois et reines ont même un chemin privé qui traverse l’immense cour. Interdiction aux vivants de poser le pied dessus, sous peine de sommeil troublé et de cauchemars à vie. Bon, je ne tente pas le diable et je saute au dessus !

Et puis nous avons ressentis le besoin de nous plonger quelque peu dans l’histoire récente, et notamment celle de la Guerre de Corée (50-53). Un énorme mémorial a été construit en plein cœur de Séoul, qui explique presque jour après jour l’avancée du conflit. Le 25 juin 1950, Kim Il Sung déclarait la guerre à son voisin du Sud et lançait une invasion, épaulé en cela par Staline et Mao (qui avait alors promis d’envoyer des troupes si les américains venaient à intervenir). La Corée du Sud, peu préparée et peu armée fait alors appel à l’ONU qui vote une résolution dénonçant l’agression nord coréenne et exigeant le retrait immédiat des troupes. La suite de l’histoire, vous la connaissez.

  

Le Mémorial – gratuit – est extrêmement bien fait et la muséographie exceptionnelle. Du son, des images, des animations partout. C’est impressionnant de réalisme et cela contribue très largement à nous plonger littéralement dans le conflit.

  

Passé l’aspect purement militaire et stratégique du conflit, quelques sections touchantes sont liées à la vie quotidienne sous l’occupation nord coréenne, à celle des soldats venus du monde entier (des États-Unis bien sûr, mais aussi France, d’Inde, de Turquie, d’Afrique du Sud et même d’Éthiopie), à la résistance mise en place (comme cette institutrice devenue légende) et au sort des « malgré nous » coréens (des sud coréens frontaliers enrôlés de force dans l’armée du Nord). Des instantanés, des diapositives, de la musique s’échappant d’un vieux tourne-disque et de poignants témoignages vidéos sont autant de petits instants volés qui, mis à la suite des autres, permettent de reconstituer une atmosphère, un état d’esprit, une époque… et d’en apprendre toujours plus sur des aspects souvent ignorés du conflit.

  

  

Les Etats-Unis sont portés aux nues et on ne compte plus le nombre de panneaux faisant leur éloge. La visite commence d’ailleurs par ces énormes plaques de métal qui égrainent les noms des soldats morts au combat. Il y en a plus d’une soixantaine pour les américains. Un quart pour les français tout de même.

Nous avons aussi mis a profit la visite de ce Mémorial militaire pour essayer d’en apprendre plus sur l’histoire de la Corée dans son ensemble. Celle-ci, nous l’avons déjà évoqué, est très largement marquée par les relations houleuses avec son voisin impérialiste, le Japon. Pas une pierre, un temple, une route qui n’ait été détruit, incendié par eux. Les petites informations explicatives dispersées partout se chargent de nous le rappeler régulièrement. Au centre de cette histoire, l’occupation japonaise qui démarre en 1910 occupe évidemment une bonne place.

Plusieurs heures à piétiner dans le Mémorial ont eu raison de nos pieds. Nous quittons l’endroit pour aller en quête d’un billet de bus pour Chuncheon, notre prochaine étape. Trouver la gare, le bus et un ticket. Rien de bien compliqué à priori. Et puis on est rodés, c’est pas comme si on avait jamais eu à se débrouiller pour aller vers la prochaine étape. Une fois arrivés à la station appelée « Express Bus Terminal », on aura tout de même mis la bagatelle d’une heure pour trouver la gare routière, puis ensuite le bon comptoir. En fait de « Bus Terminal », le métro nous a laissé dans ce qui ressemble aux Galeries Lafayette version bondée comme un dimanche de mai. Complètement perdus, on s’est dirigés à maintes reprises dans les mauvaises directions avant de réussir à trouver l’endroit. Restait plus qu’à faire comprendre à la guichetière que nous voulions partir le 20 et pas aujourd’hui à 20h et le tour était joué.

Séoul se permet des extravagances qui nous séduisent. Il est possible d’enfiler ses chaussures de marche et de faire de la randonnée, de la vraie, là juste derrière cette barre d’immeubles. Et une fois arrivés sur le chemin, les bruits de la ville s’évanouissent, absorbés par la forêt comme si c’était du coton. Tout à la joie d’être en pleine forêt et omnibulés par notre objectif qui se trouve « là tout en haut du mont », on en oublie même d’où on vient. C’est ainsi qu’au terme d’une petite escapade qui démarre à 500m de la bouche de métro, on a pu accéder à un sanctuaire chamanique au cœur des montagnes et avoir une vue splendide sur tout Séoul.

Le temps était de la partie, le ciel bleu dévoilait enfin les plus beaux atours de la ville en mettant en lumière ce relief si particulier qui confère tout son charme à Séoul. Aujourd’hui, point de brume. Le temps est clair et on voit même la Séoul Tower.

Et puis que serait une randonnée en short et pataugas sans une armée de moustique pour s’en prendre à vos mollets luisants de sueur ? Si on avait pensé à prendre le répulsif, ça aurait gâté l’instant. Le bruit des claques sur nos bras et nos jambes était comme un joyeux bruit de fond qui rythmait notre marche. Le moustique, c’est le sel de la randonnée. Un vrai bonheur dont nos bras et jambes se souviendront longtemps.

Notre marathon de la nourriture s’achève pour l’instant sur cet énorme Bibimbap (en fait non, ça fait plutôt penser aux Forbans !) que nous avons fini par trouver. Je ne m’étale pas sur la présentation magnifique, le goût fantastique de ce plat emblématique de Jujeon dans le sud de la Corée ? Non je pense que les images parlent d’elles mêmes… (on vous a dit que vous pouviez cliquer sur les images pour les agrandir ?)

  

Merci à tous de nous suivre, nous sommes ravis de savoir que nos aventures en Corée vous plaisent ! Pas de post prévu avant quelques jours à priori : nous partons pour un parc national où nous camperons ! A très bientôt !

Céline & Guy

PS: Pour te répondre très rapidement ma chère Noémie, et bien oui nous avons croisé quelques occidentaux sur les sites majeurs mais nous sommes assez surpris. Ils sont peu nombreux ! Au restaurant, dans les transports, sur les sites… ils se font rares ! Et tant mieux ceci étant dit… ! Les seuls que l’on croise sont essentiellement des expatriés …