Un dimanche à Séoul

IMGP4300On regarde la Corée défiler par la fênetre du train qui nous emmène à Séoul. La brume enrobe les montagnes vert émeraude, le Han s’écoule doucement, majestueux et éternel. Une fine pluie bat la campagne et rafraichit les paysans qui s’affairent dans les champs. On atteint très vite les banlieues tentaculaires de Séoul. On regarde la Corée défiler sous nos yeux. Tout un monde à découvrir s’offre à nous et on retrouve le frisson si particulier du voyage. La nuit va tomber et le train va nous laisser là, quelque part, dans cette gigantesque mégapole. Il faudra se débrouiller pour rejoindre l’hébergement puis trouver à manger. On est dimanche et ça se voit et s’entend dès que nous émergeons de la bouche de métro. Peu de bruit, peu de voitures. On se souvient avec émotion des rues encombrées du Caire où passants et voitures circulaient au son des klaxons de 5h à 2h du matin et des rues de Tokyo ou d’Osaka illuminées par des milliers de néons et d’écrans géants. Là, quelques gargotes de rue délivrent des fumets appétissants, quelques passants hâtent le pas pour rentrer chez eux avant la prochaine averse. On entend au loin des éclats de voix. On commence à remonter une première rue, puis on se rend compte sans conviction que ce n’est peut-être pas la bonne. Marche arrière et on prend une autre rue sans plus de conviction. Après quelques minutes de marche, nous voici en vue de la Beewon Guesthouse, une petite guest house sans prétention et très simple. Un jeune est là qui nous accueille très aimablement et nous tend deux serviettes « You room is the 207, 2nd floor. I’ll see you after ». Il nous montre la machine à laver, la cuisine et le frigo puis le salon commun. Il y à un arbre à chat et plusieurs félins se promènent en quête de caresses. On peut même leur donner des croquettes si on veut. Je pense au mien qui serait sûrement heureux ici avec un défilé de personnes différentes auprès desquelles quémander toute la journée. Il finirait sûrement par avoir besoin d’un skate board pour se déplacer.

Deux jours de transit de Paris à Séoul en passant par Doha ont suffi à nous faire oublier le bonheur simple que pouvait procurer une douche et une brosse à dent. Propres comme des sous neufs, nous nous enquérons de la possibilité de déguster un bimbimbap (oui oui nous aussi le nom nous fait rire…ça fait très rockabilly) une des spécialités coréennes. Notre hôte sort avec nous dans la rue et nous emmène au restaurant qu’il connait et qui est très bon. Ah oui, on est dimanche. C’est fermé. Pas grave, il nous recommande une ruelle un peu plus loin où les restaurants seront sûrement ouverts. Armés de nos birkenstock et de vêtements propres, on s’enfonce dans le Séoul obscur et calme. « Right away » nous a t-il dit. Très bien, on va avancer tout droit. Et au détour de nombreuses petites ruelles obscures, on tombe sur de charmants Hanok (maisons traditionnelles) qui semblent surgis d’un autre temps (que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître). Légèrement éclairées par des lanternes, elles semblent être comme des parenthèses dans la ville.

On s’arrête un peu dubitatif devant un panneau entièrement écrit en coréen. Aïe. On ne sait pas lire. Une femme s’arrête et s’amuse de nos mines circonspectes. On rit avec elle puis on lui lance un « Bibimbap? » très encourageant. Elle nous fait signe que non puis se lance dans une grande tirade. Elle nous plaît. Allez hop, on a faim, on ira là. On ôte nos chaussures, on prend un coussin et nous voilà assis en tailleur.

IMGP3957Elle nous explique ce qu’il y a dans le plat à 10.000 won (6 euros).  Évidemment on ne comprend rien, ce n’est pas grave c’est aussi ça l’aventure: commander sans savoir. Et on a pas été déçus. C’est un défilé de plats qu’elle nous a servi: le riz (bap) aux algues, puis un plat mijoté de tofu et de courgettes, des algues nori, des épinards marinés de dizaines de façon, une crêpe enroulant des aliments non identifiés mais délicieux, du kimchi très pimenté (chou fermenté), d’autres algues marinées, des tiges rougies de sauce j’en passe et des meilleurs. On repart l’estomac bien rempli et avec le sentiment que la Corée va nous plaire

Après un repos bien mérité dans une petite chambre placard où les 30° sont vite atteint, on se lance enfin à l’assaut de Séoul de jour. On s’extirpe non sans peine de notre logis sur les coups de 12h, décalage horaire oblige (quand je pense qu’on avait mis le réveil à 8h…).

IMGP4404IMGP4408On improvise un pique-nique de Samgak Gimbap (riz roulé dans une feuille d’algue, emprisonnant aussi du poisson, de la viande…, un délice tout simple !) et nous partons pour le Gyeongbokgung, le palais royal principal de Séoul au XIVe siècle.

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Il est un des 5 ensembles palatiaux que compte la ville et on ne s’attendait pas à ce que l’on a trouvé derrière l’impressionnante porte d’entrée du Palais gardée par d’intrigants gardes à la barbe postiche. En fait d’ensemble palatial, on est entrés dans ce qui ressemble presque trait pour trait à l’immense Cité Interdite de Pékin. La différence – et de taille – est la présence rafraîchissante de nombreux jardins et plans d’eaux qui donnent à l’ensemble un aspect très aéré et frais.

IMGP4034Au loin, aux portes de Séoul, se dressent de splendides monts qui donnent au Palais des allures de carte postale. IMGP3976IMGP3981On se promène là pendant des heures, déambulant et se perdant dans le dédale de temples, de jardins. On s’installe sur un banc et on regarde défiler les groupes de chinois dont les guides hurlent dans les mégaphones l’Histoire du palais. Le temps d’assister à la relève de la garde et nous revoilà partis en direction d’un autre quartier de Séoul.

IMGP4003IMGP4067IMGP4064IMGP4048

IMGP4097IMGP4136IMGP4149Celui des Hanok. Il existe du côté de Bukchon un quartier qui a conservé le visage traditionnel de Séoul. Là, la population vit dans ces splendides maisons traditionnelles en bois et on devine à la taille et la marque de leurs voitures et à l’allure ultramoderne de leurs digicodes avec caméra intégrée qu’ils ne sont pas démunis. On peut se promener dans les rues serpentant sur les pentes des collines. Tout en haut, la vue est magnifique et offre un contraste prodigieux entre le vieux Séoul et la ville moderne.

N’ayant pas de logement pour le lendemain, on se met en quête d’un hébergement que l’on trouve assez facilement et… il est déjà 19h. L’heure de manger !

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On file vers le fameux marché de Gwanjang, réputé pour ses étals de nourriture qui se multiplient à la tombée du jour. Sur le chemin, on est intrigués par le stand d’une petite dame avenante et hop, nous voilà repartis avec une saucisse enroulée de lard pour moi, et un énorme beignet de saucisse pour Guy. On débouche enfin sur les berges du Cheong Gye Cheon, un canal entièrement aménagé qui remplace sur plusieurs kilomètres ce qui était avant une voie rapide. Une vraie bouffée d’air pur ! Mais on y reviendra plus tard, l’estomac crie famine (oui, je sais ce que vous pensez mais on marche beaucoup figurez-vous !).

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Arrivés dans le marché, c’est l’enchantement : des stands partout regorgent de nourriture, les femmes qui les tiennent interpellent les gens et tentent d’attirer le chaland, de la fumée, des odeurs, des amoncellements de mets non identifiés, des pieds de porcs, de la viande, des galette, des nouilles. L’atmosphère est saturée d’odeurs attirantes, de cris, de fumées et d’éclats de rire. IMGP4171Que choisir ? On s’installe finalement à un comptoir pour manger d’énormes raviolis vapeur, appelés mandus, farcis à la viande et aux légumes. Puis on commande également des nouilles froides. IMGP4175Des nouilles froides, des raviolis, deux paires de baguettes et de la sauce. A Séoul. La vie est parfois faite de bonheurs simples. C’est un vrai régal ! Pour deux, on s’en tire pour 11.000 won, soit 7,50 euros. Le coût de la vie nous semble ridiculement bas, ce qui est étonnant pour une ville de cette envergure et pour un pays qui pèse de plus en plus dans l’économie mondiale. L’entrée au Palais par exemple ne nous as coûté que 4 euros… pour deux ! (à titre de comparaison, la Cité Interdite nous avait coûté presque 5 fois plus cher). Le temps de lancer un très hésitant  » Ma shiss oss o yo ! » (c’était délicieux !) qui ravi notre hôte, nous nous en allons de nouveau du coté du canal Cheong Gye Cheon que nous remontons jusqu’à son commencement. L’eau qui coule dans ce canal de 5,8km apporte certes une fraîcheur délicieuse à Séoul, en contrebas de la circulation (que l’on entend à peine du coup), mais on a appris que cette eau est pompée en dehors de la ville et porte atteinte à l’intégrité d’autres écosystèmes. Si les écologistes crient au scandale, les séouliens adorent en tout cas cet oasis de verdure qui serpente dans la ville. Il est vrai que l’ensemble est fort agréable.

IMGP4243IMGP4233Au terme d’une promenade de 7 à 8 km (pour la soirée seulement), la boucle est bouclée, nous retombons face au Palais visité ce matin. La nuit enveloppe déjà la ville depuis quelques heures et nos pieds demandent à rentrer. On ne se lasse décidément pas de déambuler à Séoul.

IMGP4251IMGP4324IMGP4271Notre deuxième journée à Séoul (mardi) a démarré fort. Nous sommes allés visiter le deuxième ensemble palatial de Séoul, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Et pour cause, c’est un véritable joyau. Si l’ensemble des Palais est sensiblement organisé de la même façon qu’au Gyengbokgung, c’est ce qu’il y a derrière qui est admirable. Des dizaines de petits temples cachés dans la forêt, la bibliothèque privative du roi, des plans d’eaux assortis de petites îles artificielles… c’est un véritable enchantement. Perdus dans une gigantesque forêt, nous oublions même que nous sommes en plein cœur de Séoul. Nous sommes restés pas moins de 3h nous promener dans cet écrin de verdure au cœur de la ville.

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L’après midi a été consacrée cette-fois ci au Sud de Séoul, de l’autre côté du fleuve. Nous nous sommes laissés porter au gré de nos bicyclettes, le long du Han sur une quinzaine de kilomètres. Les berges sont aménagées avec des pistes cyclables et permettent de se promener sur la rive et de profiter d’une vue splendide sur les gratte-ciels de Séoul. En fin de soirée, il était devenu obligatoire que nous allions trainer nos chaussures du côté de Gangnam. Rendu célèbre par la non moins célèbre chanson de Psy, le quartier de Gangnam est un quartier très huppé où se promène la jeunesse dorée. Boutiques de luxe, voitures rutilantes, hauts talons et autres signes extérieurs de richesse, buildings démesurés, musique et brouhaha ambiant… nous découvrons un tout autre visage de la ville. On profite de ces instants à Gangnam pour aller découvrir… un Cat Café ! IMGP4534IMGP4548IMGP4524IMGP4557IMGP4535Le concept est bête comme choux et c’est un véritable succès ici. Dans un café tout ce qu’il y a de plus classique, vivent une trentaine de chats que l’on peut côtoyer tout en dégustant un chocolat chaud. Il faut se désinfecter les mains, enlever ses chaussures et planquer son sac, ne pas nourrir les chats avec n’importe quoi ni les réveiller quand ils dorment. Après, il n’y a plus qu’à en profiter ! Quelques instants plus tard, nous étions cette fois-ci en train de tripatouiller des écrans LCD, des tablettes tactiles, de jouer à des jeux vidéos… au showroom Samsung D’light ! L’occasion pour nous de faire les andouilles avec les écrans géants et nos têtes et de se prendre en photo sous tous les angles…

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Mais l’heure tourne et nous voilà de nouveau en quête d’un endroit ou manger. Au détour d’une ruelle sombre, nous tombons sur une série de stands de rue. Des gens sont attablés autours d’énormes bidons (genre bidons de pétrole, vous voyez ?) et l’ambiance est festive. Que se passe t-il ? On s’avance et surprise, on découvre que dans les bidons, ont été aménagés des barbecues. Tout le monde se fait griller sa viande tout en dégustant une bonne bière et du kimchi. Alors évidemment, on ne s’est pas fait attendre et… on s’est installés.

On se sent définitivement bien à Séoul.

A très vite,

Céline & Guy

12 réflexions sur “Un dimanche à Séoul

  1. Waouh ! Le décor est planté, les acteurs entrent en scène…. Là, j’étais avec vous ! Je suis rentrée dans le film, il manquait juste les bruits et les odeurs ! Mais tout ça je ne l’aurai que si je me rend à Séoul… un jour… Merci de nous faire partager ce début de voyage et de si bien décrire vos déambulations à travers les quartiers de Séoul. Big bisous à tous les 2 et j’attend bien sûr la suite ! 😉

  2. Ohlalalala j’ai l’eau à la bouche !!

    Je vous ai lus avec beaucoup de plaisir, en ayant la sensation d’être de nouveau plongée dans le blog du tour du monde…

    J’ai une question :
    Vous avez signalé dans votre message d’accueil que la Corée du Sud n’était pas encore une destination touristique d’importance pour les Occidentaux. Lors des visites des palais, à part des Chinois, avez-vous croisés d’autres Occidentaux ?

    (PS : Ça fait très mégalo la photo sur écrans géants chez Samsung, j’adore !)

  3. Vraiment super ! En plus tu écris super bien ! On se croirait dans un bon bouquin, l’ambiance est bien posée, tellement bien que j’en mangerai les images (ahhh les photos de bouffes ….)!!

  4. Comme dans tous tes voyages, ce n’est pas seulement des paysages à découvrir mais aussi beaucoup de nourritures et encore une fois tu m’as mis l’eau à la bouche d’autant plus que j’adore la cuisine asiatique ! Décidément, c’est aussi un voyage pour tes palets au pays des 5 palais ! Comme toi, je suis assez étonné du faible coût de la vie pour un pays qui, je pense, économiquement aussi puissant que le Japon.

  5. Merci pour ces commentaires adorables 😉
    Nous aussi ça nous met l’eau à la bouche de regarder nos photos de bouffe… la différence c’est qu’on a qu’à sortir dans la rue pour concrétiser l’envie de brochettes !! 😉
    P’pa, tu as d’autres blagues ? 😉

  6. Je suis fan des blaques à ton père Céline! Magnifique, très agréable à lire. Merci 🙂 Savourez chaque instant!!

  7. C’est moi ou Guy est en train de manger sur la moitié des photos sur lesquelles il apparait ?!
    Ca a l’air magnifique comme pays. Le coût de la bouffe ne m’étonne pas, il n’y a qu’en France qu’on paye si cher (ou presque) même pour des plats simples.
    Le Cat Café, c’est pas un concept qui existe aussi au Japon ? C’est Anh qui en rêverait.
    Bises à tous les deux.

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