Au delà du mur

IMGP7555ret« Ah non hein ! » (Marjorie, juillet 2013)

« Ils vont au Sud. Si c’était pour aller au Nord, je les aurai jamais laissés partir. » (Maman, 26 juin 2013)

«  Tu vas en Corée du Nord ?? Ah le Sud ! Tu m’as fait super peur… » (Amandine, juin 2013)

« Je suis sûre que vous allez essayer d’aller en Corée du Nord ! » (Manuella, mai 2013)

« Madame, faut faire attention hein, vous allez pas au Nord ! », « Mais non, elle est pas folle quand même ! » (Antoine et Sarah, élève de 2nde 7, juin 2013)

Piquée par une curiosité toute historique, j’ai commencé à me renseigner sur les possibilités d’aller en Corée du Nord il y a plusieurs mois déjà. Pourquoi ? Par défi, je dois l’avouer. Et puis vraiment par intérêt historique : voir, entendre la version nord coréenne des faits, de la guerre et entr’apercevoir ce pays si fermé, en marge du monde. J’ai évidemment très vite embrigadé Guy dans cette idée un peu folle et le projet a pris pied assez rapidement. C’est de toute manière très simple : on ne rentre pas en Corée du Nord seul. On passe obligatoirement par une agence et un tour guidé. Il n’y a pas d’autres moyens. J’ai donc assez rapidement trouvé une agence, envoyé quelques mails et l’affaire était entendue. Evidemment ce n’est pas donné et nous avons de suite opté pour la solution la moins chère mais aussi du coup la plus courte : 7 jours et 5 nuits en Corée du Nord. Et cette solution nous allait bien. 7 jours de privation de liberté sous surveillance seraient amplement suffisants.

Alors oui, on savait très bien qu’on ne verrait « rien ». Mais derrière cette vacuité apparente et toute relative, j’espérais pouvoir comprendre. Pas pour changer de point de vue, loin de moi cette idée farfelue. Mais pour voir de l’intérieur une des dernières dictatures du globe et pouvoir appréhender leur vision des faits et de l’Histoire. C’est un voyage dans l’Histoire que nous comptions faire, et un retour en arrière en pleine Guerre Froide.

Je dois vous dire que les sentiments à l’égard de ce voyage que nous avons décidé d’entreprendre on été très changeants. Tantôt très excités par l’idée du voyage et curieux, puis inquiets par la dégradation des relations entre les deux Corées, nous sommes passés par toutes les phases possibles et imaginables. Et puis cette somme gigantesque que nous devions débourser pour cette semaine en Corée, à qui allait-elle ? Est-ce moralement justifiable d’aller « visiter » un des pays les plus fermés, répressifs et violent du monde ? Un pays dont on ne sait rien, mais où pour sûr, la population est embrigadée, meurt de faim et où les camps de travail dignes des Goulags pullulent ? Est-ce qu’une telle visite rentre dans la catégorie « Dark Tourism » dans les méandres de laquelle nous nous sommes déjà perdus (De Ground Zero à Tuol Sleng au Cambodge en passant par le Mémorial pour la Paix d’Hiroshima) ?

Ce voyage a été basé dès le début sur le mensonge. Disons plutôt l’occultation volontaire. Personne n’a su dans notre entourage (mis à part 2/3 amis que nous avons mis dans la confidence avant de partir et à qui nous avons laissé toutes les coordonnées pour nous joindre ou joindre l’agence« au cas où ») le projet que nous avions (Maman, j’espère que tu me pardonneras). Et puis quand l’agence nous a demandé des renseignements très précis sur nos occupations, j’avoue avoir occulté (pour une fois) mon côté professeur d’Histoire pour ne laisser apparaître que la partie Géographie dans le formulaire. Pourquoi ? Aucune idée. Je me suis dit que ça pouvait éventuellement faire tiquer. La suite du voyage me donnera raison.

Début juillet, on a donc pris nos billets pour la Corée du Nord.  Voici les notes que nous avons prises chaque soir.

Lundi 12 août, 10h, Swissotel de Beijing.
On rencontre enfin Rayco Vega, celui avec lequel nous avons échangé par mail depuis plusieurs mois maintenant. On s’attendait à une femme asiatique et c’est un homme de type européen, plutôt chétif et à l’air débonnaire qui se présente. Il nous fait un briefing et nous donne nos visas pour la Corée du Nord. On lui pose moultes questions et il instiste évidemment sur tout ce qui est à ne pas faire : ne pas photographier des détails des portraits des Kim. Ne pas froisser une photo des Kim. Ne pas poser un café qui laisserait une énorme tâche sur un journal portant une photo d’un Kim. Ne pas prendre des photos de militaires. Etre bien habillé pour aller au Mausolée de Kim (on a du s’acheter des vêtements du coup !). Et surtout, ne pas poser de questions sur « des sujets sensibles ». Evidemment.

Départ 17h27 lundi 12 août, gare centrale de Beijing.
Nous sommes au dernier étage d’un compartiment de 6 et la climatisation nous souffle directement dans les narines. Il fait un froid à perdre ses doigts de pieds. Le train est bondé, plein de chinois qui vont vers le Nord de la Chine. En plein milieu de la nuit, on décide de boucher la soufflerie avec nos draps et on s’endort enfin.
8h30, arrivée à Dandong, à la frontière de la Corée. C’est la dernière ville chinoise. Après, c’est la DPRK comme il faut l’appeler ici (Democratic People’s Republic of Korea). Un intermédiaire nous attend à la sortie pour nous diriger vers le bon train. On sort de la gare et on rentre dans celle qui se situe à 20m à côté. De là, partent les trains pour la Corée du Nord.

On nous remet une liasse de documents rédigés en coréen, chinois, russe et allemand. Le passage de la douane chinoise se passe comme une lettre à la poste, puis on monte à bord du train et on s’installe. Une délégation d’hommes nord-coréens portant tous un pin’s flambant neuf à la gloire de Kim Il Sung monte à bord et tente de nous subtiliser nos places (on est au niveau du sol, ce qui est plus confortable). On ne se laisse pas faire et on s’étale tranquillement sur nos couchettes. Le train démarre doucement, on quitte la Chine et on arrive en Corée, quelques mètres plus loin. Le train s’arrête de nouveau et de nombreux militaires montent à bord et fouillent tout. Celui qui s’occupe de nous est sympa. Il enlève son énorme képi, pose ses affaires sur la couchette du dessus et prend le temps de nous expliquer, en s’asseyant à côté de Guy, ce qu’il va faire. Il montre nos sacs et demande qu’on les ouvre. Il fouille tout, jusque dans les trousses de toilettes. Le voilà qui attrape shampoing, élastiques à cheveux et brosses à dents dans une main tandis que de l’autre, il  trouve notre couteau Suisse. Il nous regarde et nous dit « Ok, Ok ! » en levant le pouce. Il a le même à la ceinture. Il fouille nos deux sacs. Pas moyen de cacher quoi que ce soit : il note que l’on a un PC, un appareil photo, une petite caméra et un téléphone. A chaque fois, il nous demande s’il y a un système GPS. C’est formellement interdit. Tout le reste passe. On verra à la sortie si tout passe de nouveau ! La fouille aura duré 2 heures.

Nos passeports nous sont rendus et le train se met en marche, péniblement. J’avais demandé à notre intermédiaire quand arrive le train à Pyongyang. Elle m’avait répondu : « 17h ou 18h. On ne sait pas trop. Comme il y a souvent des coupures de courant, il n’y a pas d’horaire exacte ».

On regarde de nouveau la Corée défiler sous nos yeux. Mais celle-ci est bien différente. Les bâtiments sont délabrés et des gravas jonchent le sol aux abords de la gare. D’immense portraits des Leaders (Kim Il Sung et Kim Jong Il récemment décédé) sont affichés partout. On croise une première grande avenue. Il y a peu de voitures, pas mal de charrettes et énormément de gens à pied. Même l’air qui fouette nos visages depuis la fenêtre entrouverte semble différent. Plus on avance et plus ce paysage urbain désolé laisse place à la campagne. Des rizières verdoyantes défilent et quelques petits villages aux maisons identiques se succèdent. Des boeufs tirent des charrettes, des enfants jouent dans l’eau boueuse des rivières et saluent le passage de notre train à grand renfort de cris. L’ensemble a presque l’air bucolique. On avale nos nouilles et le temps passe lentement. On oublierait presque qu’on est en Corée du Nord. En fait, on a du mal à y croire.

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Mardi 13 aout, 18h23. Gare de Pyongyang.
Sur le quai, c’est la cohue. Des centaines de personnes sont venues chercher quelqu’un, il y a du monde absolument partout. D’énormes enceintes crachent la musique du parti comme fond sonore. On sort et on est un peu perdus. Quelqu’un était censé nous réceptionner, il n’y a personne. Petit moment de flottement.
Alors quoi, on sort et on verra devant ? Deux Occidentaux seuls à Pyongyang ? Impossible.
On erre quelques minutes sur le quai, et quelqu’un vient immédiatement à notre rencontre. Ce n’est pas notre guide, mais il appelle immédiatement on ne sait trop qui puis nous fait signe de le suivre. « Your guide is at the hotel with the group » nous dit-il. Ah bein sympa, on a été oubliés, ça commence bien. On apprendra plus tard par Jade, la canadienne du groupe, que les guides ne savaient pas que nous arrivions pas train. Nous sommes un groupe de 9 personnes, et les 7 autres ont décidé de prendre Air Trou d’Air (Air Koryo), la compagnie nord coréenne blacklistée par l’Union Européenne. C’est donc Jade, que nous avions rencontré à Beijing, qui s’est chargée de rappeler aux guides que nous allions arriver et qu’il faudrait peut-être penser à aller nous chercher. On pense plutôt que ça les embêtait qu’on arrive par train et qu’ils n’ont pas fait d’efforts pour venir nous chercher.

On arrive au Yanggakdo Hotel, un des deux seuls hôtels de Pyongyang. Il est énorme, et situé en plein milieu d’une petite île sur le fleuve. Il n’y a qu’une route pour y aller, qui est fermée à la nuit tombée. Comme ça, à moins d’y aller à la nage, aucun occidental n’est susceptible d’aller se promener dans Pyongyang de nuit. On risquerait de rencontrer des nord coréens. Les guides nous voient arriver, soulagés et s’excusent : personne ne leur a dit qu’on arrivait en train nous disent-ils. Comme l’idée c’est de ne pas se mettre les guides à dos, Guy et moi faisons plein de courbettes en leur disant que « Mais non, ce n’est pas grave » avec force sourires. Ils nous promettent de nous emmener voir l’Arc de Tiomphe qu’on a raté du coup. En attendant, on nous prend nos passeports et nos visas. On ne les reverra pas avant la fin du séjour. On nous donne également nos clés de chambre : la n°5 au 36ème étage d’un immeuble austère qui en compte 47. De là-haut, la vue est superbe. H. G Wells serait-il passé par ici pour écrire 1984 ? On à un peu le sentiment d’être dans une cage légèrement dorée. On allume la télévision et on tombe sur des chaines d’information internationales en anglais. On apprendra plus tard qu’il n’y à qu’ici qu’on les reçoit.

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On prend une douche et on redescend pour le briefing des deux guides, Mme Pak et Mr O (ce n’est pas un diminutif) qui parlent un bon français. On rencontre les 7 autres membres du groupe et les guides nous expliquent le programme des jours à venir. On profite de l’après repas pour aller faire un tour dehors. Rien n’est éclairé et on commence à prendre conscience de l’endroit où nous sommes. En Corée du Nord.

Mercredi 14 août, 7h00.
Le réveil sonne, on se lève et on s’habille rapidement. La journée est bien remplie, on a pas une minute à perdre. On ouvre la fenêtre et dans la ville encore toute enrobée de brume matinale, résonnent des chants des partisans diffusés par les hauts-parleurs.

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Le petit déjeuner expédié, on peut enfin se lancer à la découverte de la ville. On grimpe dans le bus avec nos 7 autres compatriotes et pas moins de 4 personnes pour nous surveiller : le guide n°1 (Mr. O), la guide n°2 (Mme Pak), un cameraman surprise qui va couvrir tout notre séjour (puis nous vendre le DVD réalisé pour la modique somme de 30 euros) et le chauffeur qui -s’il ne dit pas grand chose – mine de rien comprend bien l’anglais. La première visite est évidemment réservée à la colline au sommet de laquelle on été érigées d’énormes statues des leaders, Kim Il Sung et Kim Jong Il. On ne se présente pas comme ça sans rien devant les statues: il faut acheter un bouquet de fleur pour l’offrir aux statues. On s’en charge puis on s’avance sur l’esplanade entourée par des statues de femmes qui dansent, la bibliothèque nationale et des bâtiments officiels.

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Plus on avance et plus la foule est dense, fébrile. Des centaines voire même des milliers de nord-coréens se pressent, arborant fièrement leur pin’s Kim à la poitrine, pour aller s’incliner devant les statues de leurs bien aimés et regrettés présidents.

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Les statues, hautes de 20m, en bronze, sont impressionnantes. Ce qui l’est plus encore, c’est la ferveur et le cérémoniel qui entoure cette visite. En rangs serrés, hommes et femmes confondus marchent au pas, s’avancent ensemble, déposent d’énormes gerbes de fleur puis s’inclinent. Vient notre tour, on ne doit rien porter sur la tête. Exit les casquettes, les lunettes de soleil. Vite vite, on avance et l’une d’entre nous va déposer le bouquet. Puis on s’incline également et il faut reculer pour laisser la place aux suivants. Les guides prennent grand soin de nous expliquer comment les statues ont été réalisées et comment le très modeste Kim Jong Il ne souhaitait pas, jusqu’à sa mort, avoir une statue géante aux côtés de son père. Il était visiblement contre le culte de la personnalité (sic). Mais peu de temps après son décès impromptu en décembre 2011, le peuple a insisté afin que lui soit érigé également une statue.

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De part et d’autre, d’énormes moulages de bronze dépeignent le peuple et sa lutte contre les « impérialistes japonais » et les « impérialistes américains ». Par curiosité, je me mets à écouter à la fois les commentaires en français de Mr O et les commentaires en anglais de Mme Pak. Mme Pak est censée traduire tout ce que dit Mr O aux deux anglophones qui nous accompagnent : Anja, une grande norvégienne blonde à l’air constamment perdu, et Mickaël, un américain qui ressemble furieusement à Harry Potter qui aurait pris un coup de vieux. Si Mr O parle constamment des « barbares américains », des « impérialistes des Etats-Unis », des « massacres » perpétrés soit disant par eux, il est intéressant de constater que Mme Pak évite totalement le sujet. Pas facile de guider un américain dans Pyongyang.

Etape suivante, le musée de la Guerre (50-53). Ah. Ca va être intéressant. Vont-ils répondre à la question « Qui à déclenché la guerre ? Pourquoi et Comment ? ». La visite ne se fait pas librement, vous vous en doutez et en plus de Mr O, Mme Pak, le cameraman et le chauffeur, nous voilà accompagnés par la guide officielle du musée et surveillés en plus par des femmes en costume traditionnel qui errent dans le musée. Un pas de travers, un regard sur la gauche au lieu de la droite, le mauvais panneau lu et  on est immédiatement remis gentiment mais fermement dans le droit chemin.

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La visite commence par des prises de guerre : des tanks, canons et autres appareils américains. Puis on nous emmène visiter LE TRESOR du musée: un navire espion américain qui en 1968 – guerre froide oblige – , a tenté d’approcher les côtes nord coréennes et a été arraisonné dans la foulée. 83 prisonniers, un mort et une énorme crise géopolitique à la clé. La guide insiste sur les excuses officielles qui ont été faites par le gouvernement américain au gouvernement nord coréen. On nous montre une vidéo de propagande à la gloire de la Corée du Nord qui nous scie les jambes puis des copies des « confessions » des marins à bord du navire. On aperçoit des photographies du cadavre du marin tué qui nous choquent. 

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IMGP6728retOn rentre ensuite dans le musée, en passant au passage devant des centaines de militaires. Il y en a partout. Les photographies sont interdites dans le musée évidemment. Comme dit Guy, il ne faudrait pas qu’on photographie des choses compromettantes. La visite est complètement guidée là aussi et en même temps, rien n’est écrit en anglais. On passe à la vitesse éclair dans les salles. La guide s’arrête sur une carte, puis une autre, décrit une photographie et montre quelques objets. Elle débite un tas de paroles apprises par coeur. D’ailleurs, dès qu’on lui pose une question, elle est perdue et répond autre chose puis passe à la suite. « Les barbares américains ont déclenché la guerre », « Ils sont l’agresseur », « les impérialistes ont massacré un peuple innocent, torturé, pillé, ruiné » … On a toutes les réponses aux questions qu’on se posait. C’est fascinant de voir comment l’Histoire est perçue de leur point de vue. La propagande est martelée de façon incessante et on se dit que si quelqu’un décide de visiter la Corée du Nord sans connaissances, ça peut vite tourner à la catastrophe.

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Après un déjeuner assez riche composé de dizaines de petites assiettes (omelettes/ concombres/ poulet/ pommes de terres) et d’un micro bibimbap, on se remet en route. Destination ? Une usine de mise en bouteille d’eau (l’orphelinat était fermé, alors ça a été le choix de remplacement), une ferme coopérative « typiquement socialiste » pour reprendre les termes de Mme Pak, et Nampo au bord de la mer de l’Est pour aller voir l’immense barrage inauguré en 1986. On a l’impression de rentrer dans la 4ème dimension en entrant sur l’autoroute. Il y a deux fois quatre voies, parfois pas de terre plein central et surtout… personne. C’est fantomatique et assez déroutant. On croise quelques vélos, des gens à pied et même des charrettes. Et parfois, des voitures et d’autres bus. L’autoroute est tellement déserte qu’on peut la traverser à pied sans soucis. D’ailleurs, elle est en « rénovation » : une partie a été regoudronnée mais ce n’est pas encore sec. Alors on roule TOUS, dans les deux sens et sans aucune logique, sur les mêmes voies complètement défoncées. En même temps, comme il n’y a personne et qu’on roule à 10 (à cause des nids de poule dans lesquels on pourrait loger une famille d’autruches), pas de danger.

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On arrive enfin à l’usine et surprise : c’est fermé. Tous les ouvriers sont partis en congés pour la fête de la Libération qui a lieu le lendemain. Avec Guy on est morts de rire. Parce que ça nous rappelle des extraits de Nouilles froides à Pyongyang qu’on a lu juste avant de partir. Et parce que quand même, toute une usine en congés… c’est de l’ordre du prévisible. Un ingénieur est présent sur place et il nous fait tout de même visiter l’usine. Tiens tiens, c’est étrange. Il y a bien quelques machines, mais pas une seule bouteille dans les circuits. On se demande si c’est une vraie usine ou bien juste un décor de carton-pâte pour touristes. En attendant, on nous vante les mérites de l’eau naturellement gazeuse « pas comme Perrier, c’est articifiel » nous répète la guide.

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Photo 011Mme Pak parle un français impeccable et est capable dans une même phrase d’évoquer Video Gag, le système scolaire français et de me taper sur l’épaule comme on le ferait entre nous, à l’occidentale. Je lui demande donc où elle a appris à parler si bien français et elle me raconte qu’elle a vécu en France 5 ans. Ses parents sont diplomates et elle a en fait passé son Bac ici, à Paris. Elle adore Disney et aime beaucoup la culture française, et la langue. Elle aime la raclette, a voyagé en Bourgogne et trouve le Mont St Michel fantastique. Avec Guy on se demande comment on peut avoir vécu 5 ans en France, puis revenir ici, être privé de sa liberté, d’une partie de ses droits, ne pas avoir accès à Internet, n’avoir que des informations limitées au journal le soir, et être contrôlé, encadré en permanence. La réponse tient en un mot : endoctrinement. A force de discussions, on apprend qu’elle n’a jamais revu ses amies françaises avec lesquelles elle a passé le bac au lycée Michelet. Après le bac, ses parents l’ont ramenée en Corée du Nord d’où tout contact avec l’extérieur est proscrit (pour le peuple). Je lui dis qu’il peut être assez facile de les retrouver si on a leurs noms et deux ou trois informations. Alors fébrile, elle tape les noms de famille de Sonia et Julie sur l’iPhone et nous remercie mille fois ne serait-ce que d’avoir proposé de les retrouver pour elle. J’ai de la peine pour elle. Surtout quand elle ajoute « Ecrivez moi pour me dire si vous les avez retrouvées. Et même si ce n’est pas le cas, écrivez moi pour me dire si vous êtes toujours vivante ! ». C’est assez triste. Surtout quand on sait qu’on ne peut pas lui écrire directement : elle ne peut nous donner que l’adresse de l’agence. Alors on écrira à KITC. Ils ouvriront son courrier, liront pour être sûr qu’il n’y a rien de compromettant puis lui transmettront – du moins on espère -, notre missive.

A force de conversations, Mme Pak « l’oreille de Moscou » a un peu baissé sa garde parfois. On l’amadoue en parlant de nos vies en France et on lui montre des photos de notre mariage, de notre famille. Elle est très honorée et commente tout: « Olala ce que vous ressemblez à votre mère ! Et votre soeur, c’est tout votre père ! Alors que votre frère, c’est les deux. Quelle belle famille ! Et vous Mr Guy, c’est votre frère jumeau là ? ». Alors de façon impromptue, elle sort une photographie de son fils de 7 ans. Le trésor de sa vie. Elle nous parle de lui, de ce qu’il fait, ce qu’il dit. Je lui dis qu’elle est une vraie « maman poule », ça la fait rire. Je lui demande ce qu’il fait à l’école : des mathématiques, l’apprentissage de l’alphabet et du coloriage / découpage du drapeau national. La propagande s’insinue partout. Plus tard, elle nous avoue avoir travaillé pour le World Food Program. « On a pas assez de nourriture » avoue-t-elle à demi mots. « Dans les villes, on doit aller dans des centres pour récupérer la nourriture qui nous est allouée ». En d’autres termes, ils sont rationnés. Elle avoue être « jalouse » de nous qui allons retourner en France. Pourtant, elle ne remet jamais son système en cause. C’est assez étrange, cette femme est comme « coincée » entre deux mondes. Elle est touchante de contradictions.

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On poursuit la journée par une visite dans une ferme coopérative. On nous avait parlé de visiter l’école pour rencontrer des enfants, de rentrer dans le centre culturel, de visiter des maisons paysannes. De tout cela, il ne sera rien. Aujourd’hui il y a un meeting nous dit-on, donc on a pas accès au centre culturel. Ah et puis les enfants sont en vacances alors il n’y a pas école. Sans blague. Ca aussi c’était prévisible. On ne verra de la ferme que quelques serres et quelques femmes occupées à tailler des plantes.

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Et on repart vers la mer cette fois-ci. Les paysages sont beaux, il fait un temps resplendissant. Le vert des rizières est éclatant tandis que des petits nuages blancs laiteux s’accrochent aux montagnes en arrière plan.

On nous installe de nouveau devant une vidéo -de propagande – vantant les mérites de la construction du barrage. On ne comprend pas tout mais il semblerait qu’une ribambelle de Stakhanov coréens soient passés par là et le colossal barrage a été construit en peu de temps. Arrivés au sommet du monument, on entend au loin des cris, des enfants qui jouent, de la musique et un sacré ramdam. On réussit, en se penchant, à deviner des gens qui se baignent et mangent autours de nombreux barbecues. On demande s’il est possible d’aller voir, ce à quoi on nous répond « c’est trop loin ». On y aurait été en 5mn en bus évidemment.

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Il est déjà 17h, on reprend la route dans l’autre sens. Il faut rentrer avant les Mass Games de ce soir et on a 1h de route.
Tout le long de la route défoncée, des enfants nous font signes et de nombreux coréens nous sourient et saluent le bus. On reconnaît la sympathie coréenne à laquelle on a été confrontée tant de fois dans le sud. Les mêmes sourires. La même curiosité. Mais des visages plus marqués et beaucoup plus hâlés.

Les Mass Games (ou Arirang simplement) se déroulent dans ce qu’il est convenu d’appeler le plus grand stade encore en fonction au monde. Les chiffres donnent le tournis : 150.000 places assises et plus de 100.000 participants sur « scène » pour nous jouer une série de scènes en 3 actes, tandis que 18.000 enfants de 15 ans, installés dans les gradins en face de nous, réaliseront pendant toute la durée du spectacle, d’immenses et hallucinantes mosaïques humaines avec des petits cartons de couleur. Ils ont tous répété pendant 2 mois, en plus des cours. Et le résultat est époustouflant. Les chorégraphies sont dingues de précision, de rythme. On a compté jusqu’à 1200 participants pour une même chorégraphie. Il n’y a aucun repère au sol, tout est appris par coeur. C’est presque devenu instinctif.

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Pendant que défilent sous nos yeux ces milliers de danseurs, la guide nous déverse dans l’oreille force propagande : elle traduit tous les panneaux, toutes les indications et on prend de plus en plus conscience de la divinisation poussée des Kim. Toute une mythologie les entoure, et ils sont devenus de leurs vivants de véritables dieux. Une kimilsonguite aigue s’est emparée de tout un peuple. La guide a des étoiles dans les yeux lorsqu’elle nous raconte comment Kim Il Sung a démarré la révolution en 26, comment il a fondé la République en 48 et porté tout un peuple jusqu’en 1994. Tandis qu’un homme en sanglot annonce la scène suivante (Kim Il Sung « quitte le monde subitement » en 1994), un silence receuilli et palpable s’empare du public. Puis vient l’Histoire de Kim Jong Il, puis de Kim Jong Un, puis celle de l’amitié sino-coréenne, puis russo-coréenne. Le spectacle s’achève sur l’arrivée spectaculaire d’une immense kimiljongia, une fleur offerte par un botaniste japonais au Grand Leader et nommée ainsi en son honneur évidemment.

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Des acrobates, des applaudissements en rythme et puis l’apothéose: des feux d’artifice, de la musique grandiloquente et presque tous les figurants qui se retrouvent sur scène. Il n’y a pas à dire, c’est grandiose. Aussi précis que les parades militaires.

Jeudi 15 août, jour de la Libération, fête nationale.
Aujourd’hui, il faut bien s’habiller. Le guide n’a pas cessé de nous le rappeler. Parce qu’aujourd’hui, on va rencontrer Kim Il Sung. Et oui, pas moins. On a du s’acheter quelques vêtements présentables en Corée du Sud lorsqu’on a appris qu’il y avait un dress code pour entrer au Mausolée. Chemise / cravate pour les hommes et une tenue correcte et jolie pour les femmes. On a tout de suite prévenu l’agence que ça allait être difficile et qu’on ne voyait pas trop comment ramener une chemise et une cravate dans un sac à dos. L’agence nous avait alors répondu « un joli polo fera l’affaire ». Guy a donc trouvé un polo et moi un haut complètement blanc à manches longues. Nous voilà donc dûment habillés, mais malgré tout avec nos chaussures et nos pantalons de rando. On se présente comme ça le matin dans le hall de l’hôtel et ça passe. Parfait. De toute manière, on a rien d’autre. Avec Guy, on commence à être des habitués de l’embaumement: Mao, Lénine, Hô Chi Minh, on les a tous vu. On a donc hâte de voir Kim.

On nous fait descendre du car puis entrer dans une salle pour nous en faire ressortir aussitôt afin de nous diriger vers le Mausolée. Là, on nous explique qu’il ne faut absolument rien garder dans ses poches, ni métal ni médicaments. On vide tout et on laisse nos appareils photos et nos lunettes de soleil à des femmes intégralement vêtues de noir. Le Mausolée est tout en granit gris et partout autour de nous, des agents nous surveillent. Pas un pas de travers, pas un sourire, on a le droit à rien. On prend un premier escalator, puis un deuxième et on arrive sur un long, très long tapis roulant. Le guide est fier de nous dire que c’est Kim Jong Il qui a fait installer ce tapis roulant de 850m, pour faciliter l’accès au Mausolée. On a pas le droit de marcher sur le tapis, il faut rester à sa place. Alors les 850m sont interminables. A la fin, on tourne à droite et s’ensuit une fouille au corps. On continue et il faut se laver les chaussures sur un petit tapis roulant à piquots verts. Puis on arrive enfin dans la salle principale du Mausolée. A partir de maintenant, on doit avancer en rang 4 par 4. Une première salle s’ouvre sur deux énormes statues des Kim. Les 4 premiers arrivés s’inclinent puis quittent la pièce. Vient notre tour : on nous fait s’aligner sur le petit repère et on doit se courber, les bras le long du corps. On entre dans une 2ème salle, puis une 3ème et comme pour la Statue de la Liberté, on nous fait passer dans une soufflerie géante. Et enfin, on arrive dans l’immense salle. Le corps de Kim Il Sung repose dans un sarcophage de verre, à moitié couvert par un drap de velours rouge. Tout est très protocolaire, on doit de nouveau s’avancer par 4, se courber en même temps, 3 fois à 3 endroits différents en faisant le tour par la gauche. Il ne faut pas regarder le corps de dos, ne pas avoir les mains dans les poches ni croisées et ne pas s’attarder. Il n’y a pas moyen de pénétrer dans cette salle autrement qu’en suivant leur protocole. Alors on s’éxécute, incrédules. Le corps est remarquablement bien conservé – technologie russe. Avec tout ce protocole, on passe finalement beaucoup plus de temps dans la salle que cela n’avait été pour les 3 autres dirigeants que nous avons vu. On nous fait ensuite entrer dans une salle où sont exposées toutes les décorations qu’aurait reçues Kim Il Sung de la part de pays étrangers. Tout nous semble faux. On se dit que le plupart des Médailles ont été envoyées pour « acheter » une forme de paix.

Mr O, très stressé par cette visite, nous fait hâter le pas. « Vite vite, on y va ». On ne comprend pas pourquoi, mais on repasse de nouveau un contrôle de sécurité et de nouveau dans une soufflerie. Et puis soudainement, alors qu’on entre dans une énorme salle baigné de rouge comme la première, on se rend compte qu’on se tient face au corps de Kim Jong Il. On ne savait pas qu’il avait été embaumé et qu’il était aussi visible au Mausolée. Le même cérémonial recommence. J’ai du mal à fermer ma bouche tant je suis surprise. Je tire Guy par la manche et chuchotte « C’est Kim Jong Il… Kim Jong Il… ! ». C’est incroyable. J’ai tellement parlé de lui dans mes cours d’histoire à des centaines d’élèves que j’ai peine à croire que je me trouve en face de lui. A la sortie de la salle, on déambule de nouveau dans une salle des décorations puis on arrive dans une immense salle où se trouve un wagon: « Celui où il a eu son arrêt cardiaque et où il a quitté notre monde subitement » nous dit, avec une tête de circonstance, Mme Pak. On fait le tour et on se souvient des nouvelles aux informations. KIM JONG IL EST MORT – LA COREE DU NORD ENDEUILLEE. Et des images de foules hystériques en pleurs venues en masse rendre hommage au Grand dirigeant. Et alors qu’on regarde par la fenêtre, que voit-on posé sur le bureau de Kim ? Un énorme Macbook pro. de chez Apple. Guy ne peut réprimer un rire et une remarque ironique. Apple. LE symbole de l’impérialisme américain. Dans le train qui à vu mourir le Leader. La Corée du Nord est pleine de contradictions de ce genre. C’est fascinant.

On prend le temps de se promener dans le parc et de faire quelques photos.

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Il y a plein d’enfants partout qui posent, en groupe. On se demande s’ils n’ont pas été « posés là » exprès pour nous. Ils en seraient bien capables. Les enfants répondent aux injonctions des femmes qui sont avec elles : posez comme-ci, souriez, faites coucou, penchez la tête, alignez vous… Il n’en reste pas moins qu’ils sont mignons.

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Alors que le groupe s’est éloigné, une femme venue rendre hommage aux Kim passe à côté de moi. Le bébé me regarde, je lui fait des grimaces, il sourit. Du coup je demande à la maman si je peux le prendre en photo, ce qu’elle accepte non sans avoir rapidement repeigné l’enfant. C’est mon premier vrai contact avec une coréenne du nord, non préparée à rencontrer une étrangère. On est tellement privés de liberté en tant que touriste que s’en est grisant. Je n’aurai plus de contact de ce genre du reste du séjour.

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On ne perd pas de temps et de nouveau Mr O nous presse. Il tient à son programme et nous fait avancer au pas de charge. On commence déjà à en avoir assez. Ils nous portent sur les nerfs, c’est trop et on fait déjà un rejet. Ce n’est pourtant que le 2ème jour. On a l’impression d’être des otages. On voudrait critiquer, argumenter, discuter librement mais tout est verrouillé. Cest oppressant. On nous écoute en permanence, on en vient même à s’écrire des mots via l’iPhone pour ne pas être entendu et à utiliser des mots spécifiques pour ne pas être compris. Surtout, on cherche déjà à échapper à leur surveillance et on s’éclipse pour aller s’asseoir simplement sur un banc qui n’a pas été indiqué au préalable par le guide.

On doit aller se recueillir (sic) sur la colline des martyrs. Là sont enterrés 150 résistants qui ont été exécutés par les japonais pendant l’occupation.

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Les guides nous racontent l’histoire de tel héros, de la mère de celui-ci, de telle femme. On doit de nouveau acheter un bouquet de fleurs (on se demande si les guides n’ont pas des commissions d’ailleurs) et c’est à moi que revient l’immense privilège d’aller le déposer au pied du mémorial.

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De tout en haut, la vue sur Pyongyang est dégagée et on prend davantage conscience de l’ampleur de cette ville de 3 millions d’habitants. D’ailleurs, on avait lu de nombreux reportages, des articles de voyageurs étant déjà venus ici. On s’était fait très largement l’image d’une ville morte et comme arrêtée dans le temps. S’il est vrai qu’on à l’impression de plonger à pieds joints dans la Guerre Froide, on doit dire que la ville n’est pas si fantomatique que cela. Il y a pas mal de monde dans les rues, dans les bus et la ville semble bouger un peu. Un peu seulement. Les immeubles sont vétustes, il n’y a pas de magasins, pas d’enseignes, rien de visible.

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Pour parfaire le mythe que les guides sont en train de tenter de tisser dans nos esprits, il est nécessaire de revenir au commencement de la Révolution : la maison natale de Kim Il Sung. Pour reprendre les termes simples et clairs de Guy : » Mais cette maison, elle a été faite pour les touristes, non ? ». Une guide parlant un anglais parfait nous fait faire la visite au pas de charge : ici les instruments de labour des parents de Kim Il Sung, ici, les pots à Kimchi, là le coupe nouilles, et là les photos de ses parents, frères, cousins. Le message ? Kim Il Sung a vécu une vie simple et modeste. Il est comme le peuple. Il EST le peuple.

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Après une fondue coréenne rassasiante, on se remet en route. Mr O ne cesse de nous dire qu’on a « journée chargée, hein, oui ?! ». Il finit constamment ses phrases par un oui semi interrogatif et parle bizarrement un français avec un accent… Africain. C’est assez cocasse. Je profite d’un moment pour aller lui demander où il a appris le français et j’apprend qu’il a passé 2 ans au Burkina Faso. Tout s’explique. Je lui dis qu’il a un léger accent africain et du coup, ça le fait rire.

Le premier arrêt se fait au monument à la Gloire de la Révolution autour duquel on nous apprend que la Révolution Coréenne qui a donné lieu à la mise en place de la République en 48 a reposé à la fois sur les ouvriers (le marteau), la faucille (les paysans) et les intellectuels (le pinceau).

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On prend soin de nous rappeler (de nous marteler) chaque fois que c’est Kim Il Sung ou Kim Jong Il qui ont pensé à tel ou tel monument, trouvé l’emplacement, fait construire pour le plus grand bonheur du peuple Coréen. Non loin de là (mais on reprend le bus tout de même, il faudrait pas qu’on se promène dans la ville), il y a une énorme tour dite du Juche, l’idéologie développée par Kim Il Sung dès les années 30.

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Je vous passe les détails, mais sachez que l’on peut y monter et que de là-haut la vue est époustouflante. Surtout sur les grands ensembles de logements ternes qui pullulent dans toute la ville.

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En descendant, on profite que les guides aient le dos tourné pour dévaler quelques escaliers et aller au bord du fleuve voir des hommes pêcher. On se retourne: on est seuls. On doit vous dire que la surveillance permanente des guides, le martèlement idéologique quotidien, la propagande appuyée nous fatiguent énormément. La lutte est quotidienne – mais intérieure et silencieuse – pour garder ses idées à sa place. Mais c’est surtout l’absence de liberté de mouvement qui est assez pénible. « On descend ». « On y va ». « On remonte dans le bus ». « On fait la photo là (et pas ailleurs) ». « Mettez vous ici ». « Ne marchez pas sur l’herbe ». « Achetez des fleurs ». « Donnez 20 euros pour le cirque ». « On ira là et pas là finalement ». « On est arrivés, on se dépêche ». « Vous venez ».

On se sent surveillés, épiés en permanence. D’ailleurs l’ensemble de ce voyage repose sur des mensonges. Je n’ai pas dit que j’étais professeur d’histoire par exemple. Dans la partie « Emploi » du Visa, j’ai juste rempli « professeur ». Mais on m’a demandé de préciser, alors j’ai indiqué géographie. Même si ça m’a fait mal. Et j’ai bien fait, les guides sont de véritables fouines. On ne leur a pas dit qu’on avait passé 4 semaines en Corée du Sud non plus. Ni qu’on a déjà été à la frontière. A voir leur discours, on sait que ça ne leur plairait pas. Et pire : pour parler entre nous de nos impressions, de ce qu’on voit, ce qu’on ressent, on attend qu’ils ne soient plus à côté de nous. Ce qui est loin d’être évident.

Le must du programme pour les guides, c’est la visite du métro.

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Le plus profond du monde ne cessent-ils de nous dire. On prend donc une station au hasard (ahah. Il n’y a pas de hasard en Corée du Nord) et on nous annonce que nous allons parcourir 6 stations. La première station (Renaissance du Jour de la Révolution ? Eveil du Soleil du matin calme ? Gloire incandescente des Leaders ? Je ne me souviens plus de son nom) est très belle et on regarde les trains arriver, repartir tandis que des femmes en uniforme dirigent les gens, ferment les portes et lèvent un signe rouge pour indiquer au train qu’il peut repartir. Un métro vétuste somme toute. Mais à Pyongyang.

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Le soir, après avoir avalé des nouilles froides dûment demandées par nos soins (on ne peut pas lire Nouilles froides à Pyongyang et ne pas en manger une fois qu’on y est), on nous emmène… à la fête foraine !

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On est le 15 août, les gens font la fête (libération de 1945) et se rendent donc dans ce mini parc d’attraction. Guy et moi, on est un peu sceptiques. Ca tient tout ça ou bien c’est soviétique ? On ne fait pas la première attraction qui consiste à monter le long d’une énorme colonne pour être ensuite lâchés dans le vide. On a un peu peur que les freins ne tiennent pas. Et puis finalement, on se laisse tenter par l’attraction suivante qui ressemble à une espèce de roller-coaster. On se rend compte évidemment qu’il y a un truc qui cloche une fois qu’on est dedans : on nous fait rentrer debout dans une espèce de module, contre lequel on doit se coller, puis derrière nous on ferme une grille (pour nous empêcher de tomber vraisemblablement). Pour l’instant donc, on est debout. Puis l’engin se couche et nous voilà tête en avant, prêts à dévaler les pentes. Alors que le petit wagonnet monte, j’ai le malheur de regarder la structure. J’entends des bruits de couinement et je me rends compte que je suis en Corée du Nord à faire une attraction que je ne ferai même pas à la Foire du Trône. Bref, passons. C’était  vraiment sympa.

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On enchaine comme ça quelques tours de manège, on mange une glace puis il est temps de rentrer. On est un peu gênés car une femme (une guide pour fête foraine ?) nous a suivit de A à Z et nous a fait passer devant tout le monde à chaque fois. Parfois les files d’attentes étaient pourtant énormes… Et puis cette fête foraine nous donne l’impression d’être une façade. Comme si on avait  distribué au peuple « du Pain et des Jeux ». Sauf qu’ici, il n’y aurait que des jeux. Et encore,  faut payer.  Il est évident qu’une poignée de privilégiés seulement a accès à ce genre de fêtes foraines. Et puis on est à Pyongyang. Ici, c’est la ville. Les campagnes qu’on a traversé, c’est un autre monde. Un monde dont on ne saura rien et dont la seule image restera celle de ces dizaines d’enfants souriants saluant le bus à notre passage.

Vendredi 16 août, « l’oreille de Moscou » dans la DMZ.
Aujourd’hui, on a de la route. On part pour la DMZ à quelques 160km au sud de Pyongyang. Il nous faudra 2h30 pour les parcourir tant la route est en mauvais état.

Aujourd’hui pour nous, c’est donc le grand jour : on retourne là où on était, à 10m près, il y a exactement 1 mois. On aura donc réussi à voir la frontière des deux côtés, Nord et Sud. Mais pour ça, il aura fallu un vol de 2h, puis deux trains pour un total de 25h et 2h30 de bus. Sacré détour. Pour le coup cette fois-ci, la boucle est vraiment bouclée.

Avant ça, on nous emmène d’abord visiter un tombeau qui a été classé par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité nous dit on. Le tombeau est magnifique effectivement. On prend quelques photographies de ce joyau de l’architecture Koryo et Mr O nous assène un énième « Vous avez pris la photo ? Alors on y va hein, oui ? » (n’oubliez pas l’accent africain).

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Quelques minutes de route et nous entrons dans la DMZ.On nous fait une fois de plus descendre et on nous annonce qu’il va y avoir un contrôle. Évidemment, comme on a déjà vu la frontière depuis le sud, on s’attend à l’arrivée d’un équivalent nord coréen du soldat Martinez. C’est un vieux militaire affable qui s’installe dans notre bus pour nous accompagner. On nous fait un briefing, on nous fait traverser en file indienne une espèce de check-point et on remonte dans le bus.

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Il n’y aura plus d’autre « contrôle » tout au long de la visite. L’ambiance est très relâchée. Au sud, on avait du se mettre en rang, s’habiller correctement, ne pas prendre de photographies avant un certain point, tout était minuté. Ici, ça semble complètement déliquescent. Sans oublier la corruption à peine déguisée. Mr O nous précise à plusieurs reprises et de façon insistante qu’il faut donner quelque chose aux soldats et militaires qui nous encadrent. « Des cigarettes, 10 paquets chacun hein ». L’agence nous avait prévenu, alors on s’est procuré des cigarettes et on arrose les militaires tout au long de la visite. Hallucinant.

On avance en tas, on s’arrête devant l’autographe de Kim Il Sung, puis on arrive devant le bâtiment nord coréen, qui fait face au sud. On revoit les cabanes bleues, mais de l’autre côté cette fois.

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Et on y entrera pas. Depuis Avril, les visites côté nord sont suspendues. En face, il n’y a personne. Il semblerait que les jours de visite autorisés au sud soient inverses à ceux du nord. En gros, jamais un groupe de visiteurs au nord ne se retrouve face à un groupe de visiteurs au sud. On prend des photographies y compris avec notre vieux militaire. Jade la canadienne allume son portable, réussit à capter le réseau Olleh de Corée du Sud et envoie discrètement un texto. On suit notre militaire aux décorations en plastique et un jeune d’une trentaine d’année, pin’s fermement accroché au polo, traduit au fur et à mesure. Il est dynamique mais semble un peu vindicatif.

Alors qu’on pénètre dans la salle de l’Armistice, un « incident » se produit. Le militaire donne ses dernières explications et le traducteur lance de façon agressive, les poings serrés, face à une foule incrédule : « If there is another war, this time, no peace. We kill everyone. Everybody. Now you can take a photo« . Instant de flottement puis tout le monde se disperse. On se regarde avec Guy et on se demande « on a bien compris…? ». On en parle à Annie, la jeune belge qui voyage avec nous, et on fait le même constat. Il ne faut pas 5 min pour que Mme Pak se précipite vers nous pour nous dire de façon fébrile et quelque peu affolée « Non non non ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. Il voulait dire qu’on ne signerait pas une armistice, mais un traité de paix en cas de nouvelle guerre. Il a mal traduit, c’était pas ça qu’il voulait dire ok ? Vous avez bien compris ? ». Tiens tiens. Ca ne ressemble même pas de loin à ce qu’il nous a dit. Elle reviendra nous voir 3 fois dans la journée pour nous redire qu’il a mal traduit. Fine manipulatrice, elle nous demande de façon anodine dans le car « Qu’est-ce que le traducteur à dit tout à l’heure ? Je veux dire, vous avez compris quoi au final? ». On lui lance des explications vaseuses puis on change de sujet. C’est fou comme on apprend vite à mentir et escamoter les choses ici. Ca devient instinctif. Comme un réflexe de survie.

Après manger, on nous emmène voir le mur qui a été construit par le sud sur le territoire de la Corée du sud et qui ennuie profondément les nord coréens. On nous fait de nouveau un briefing avec cartes à l’appui puis on nous emmène voir le mur à travers des jumelles. Effectivement il y a un mur, dont on avait jamais entendu parler. Les guides expliquent avec tristesse que ce mur est pour eux comme une trahison.

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Pourtant, ils continuent de parler de réunification en permanence. Ils sont convaincus que c’est pour bientôt. Guy se demande ce qu’ils attendent de cette réunification qui n’aura vraisemblablement jamais lieu et demande de façon détournée à Mme Pak comment ils comptent organiser cette réunification. Voilà donc le plan : dans un premier temps, les deux gouvernements resteraient les mêmes pour le nord et pour le sud, mais il y aurait comme un bureau central qui se chargerait des affaires communes. Puis progressivement, le bureau central prendrait de plus en plus de place, jusqu’à n’être plus qu’un seul gouvernement pour les deux Corée. « Et on verrait quelle idéologie serait la meilleure à appliquer à l’ensemble du pays » nous dit-elle fièrement. On imagine tout à fait le jeune dirigeant Kim Jong Un abandonner le pouvoir et laisser le capitalisme et les idées occidentales s’étendre à tout le pays.

La veille, Mr O nous avait fait un petit coup – de notre point de vue – pendable. Il nous avait dit le soir avant de se coucher  « Demain on a un programme chargé. Et en plus vous avez de la chance, on va aller au cirque. Alors demain, tout le monde prépare 20 euros par personne. Demain vous me donnez l’argent. » 40 euros pour aller au cirque ? Avec les fleurs, les cigarettes etc… ça commence a ressembler furieusement à du racket. On fait savoir aux autres membres du groupe que ça ne nous intéresse pas, et qu’on avait pas prévu l’argent et que ça commence à être sérieusement pénible toutes ces petites sommes qu’on dépense en plus. Finalement, un air de révolte silencieuse s’empare du groupe et le lendemain, alors que Mr O comptait ramasser l’argent, plus personne ne veut aller au cirque. Je ne dirai pas qu’il est déçu, mais un peu ennuyé. On lui ruine son programme. Alors l’après midi, il arrive à nous recaser autre chose, qu’on se sent obligés d’accepter. Sur « l’aire d’autoroute », où on s’est arrêtés ce matin il y a des femmes qui tenaient une petite boutique. Si on veut, comme on doit repasser, elles peuvent organiser un spectacle et chanter pour nous. C’est 3 euros par personne. Bon, 3 euros, on se dit que c’est pas la catastrophe. Alors on accepte. Et nous voilà installés sur des chaises en cuir, au milieu d’une aire d’autoroute qui a des allures de parking abandonné à écouter des femmes chanter des chants traditionnels. C’était somme toute assez sympathique.

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Après un barbecue traditionnel de canard, des membres de notre groupe ont insisté pour aller dans un Club le dernier soir, le Diplomatic Club. En fait de club, c’est une vaste salle de Karaoké qui fait en même temps bar. Tout le monde commande des bières et on écoute des gens massacrer gentiment des chansons (ce qu’on s’empressera de faire également). Le club est uniquement plein d’occidentaux à vrai dire. C’est d’ailleurs très certainement un bar qui ne tourne que grâce aux occidentaux. Les seuls Coréens qui sont là sont les serveuses et les guides. Nos chaperons ne nous lâcheront pas d’une semelle de la soirée. A notre grande surprise cependant, ils se sont prêtés au jeu et sont même venus chanter quelques chansons avec nous. C’est assez surréaliste de chanter Let it be et Heal the world de Mickael Jackson en tenant une Nord coréenne par la taille… surtout quand le refrain dit « There are people dying, if you care enough for the living, make a little space, to make a better place…« . Une fois de plus, comme pour la fête foraine, on trouve ça complètement décalé. Mais ça fait partie d’un ensemble.

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Tout ça est stratégique pour nous : des nord coréens qui dansent, des nord coréens qui chantent du Mickael Jackson, des nord coréens qui vont à la fête foraine, des nord coréens qui prennent le métro. Ils cherchent à nous faire penser que finalement les gens mènent une vie tout à fait normale et classique, semblable à la nôtre. Bref, tout va bien. Pour certains, ça marche : Jade, la plus jeune du groupe est une vraie groupie. Elle arbore le badge aux couleurs du drapeau national sur son t-shirt, elle achète quantité incroyables de souvenirs, elle fait la fête chaque soir à grand renfort de boisson et parle déjà de revenir une 3ème fois. Elle ressemble d’ailleurs à beaucoup de touristes qu’on a vu débarquer à l’hôtel : des jeunes pour qui s’est absolument « cool » et inédit de pouvoir dire, de retour au pays : « j’ai fait la fête en Corée du Nord ». Mais des camps de travail forcé, des famines et du totalitarisme, elle ne sait pas grand chose. Et ca ne l’intéresse de toute manière pas.

Minuit sonne. Le club se vide et les guides nous font remonter dans les véhicules, direction l’hôtel. C’est notre dernière nuit en Corée du Nord. Le lendemain, on quitte le pays de nouveau en train pour retourner graduellement vers des espaces de liberté (on fait une petite halte en Chine avant la France).

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Ce post est déjà bien long et j’ai le sentiment de n’avoir raconté qu’une infime partie de tout ce qu’on a vécu à chaque minute passée dans ce pays. La surveillance omniprésente, l’hypocrisie, les promesses non tenues, la propagande 24h/24, les prix complètement farfelus (en tant qu’étrangers, on a pas accès à la monnaie nord coréenne alors on doit payer en euros ou en Yuan). C’est bien simple, nous avons eu l’impression d’avoir été plongés dans un film d’archive qui nous a propulsé dans l’URSS stalinienne. Le parti unique, le leader, le culte de la (des) personnalité(s), la terreur, la propagande, l’endoctrinement des masses, le contrôle des médias, l’économie planifiée, les rationnements, la militarisation à outrance, le culte du secret, les dénonciations, la corruption… Le côté « un peuple, un pays, un leader » rappelle inexorablement d’autres régimes en d’autres temps.

On aura marché sur « le chemin à touristes » tracé par le régime et dont on a jamais eu le droit de s’écarter. Même acheter une glace en regardant l’arc de triomphe n’est pas autorisé. Arnaud, un membre de notre groupe, s’y est risqué et la vendeuse, terrorisée, a simplement refusé de lui en vendre. On entre pas en contact avec les nord coréens. Et surtout, eux n’ont pas le droit d’entrer en contact avec nous.

On s’endort dans le train qui nous ramène à Pékin en pensant à ces millions de nord coréens qui nous regardaient avec un mélange de crainte et de curiosité. On quitte le pays non sans un certain soulagement et on salue avec bonheur l’entrée en Chine. On ne nous a rien montré et on a pourtant le sentiment d’avoir vu tant de choses. Et d’avoir compris surtout.

On rentre de Corée du Nord.

Lundi soir, nous serons de retour à Paris. A très bientôt pour de nouvelles aventures.

Céline & Guy

11 réflexions sur “Au delà du mur

  1. O.O …  » Nomdedioumilou !  » …
    ( c’est le premier « mot » qui me vient après avoir lu votre post x) on peu faire une variant avec chiffon selon les generations lol )
    Bande de canaille … XD

  2. N’ayant pas vu de post depuis la semaine dernière, je me demandais bien comment cela se faisait que vous étiez arrivé si tôt à Pékin puis plus rien… voici donc la réponse ma question!!
    En lisant attentivement votre récit, j’ai « revu » les reportages sur la Corée du nord… rien ne me surprend, mais je pense que le vivre de l’intérieur doit avoir un goût très particulier!
    Tu as bien fait de ne pas tout dire sur ta réelle profession, et j’imagine ta frustration à chaque minute!
    on se voit demain soir fraichement revenu d’un autre temps!!
    Bisoo

  3. Crenon didjiou! Bande de moules!C’est juste trop fou de l’avoir pensé, mais encore plus de l’avoir réalisé! Prof de Geo gnnni j’aurais dit vendeur de chaussures! Ou encore ramasseur de chaussettes trouées ! J’espère que vous avez encore plein d’autres photos, je suis très friand de détails sur ce pays!! « Bien joué » ! Bises et a demain!

  4. Hé hé hé 🙂
    On a oublié de vous remercier tous de nous avoir lu pendant 5 semaines !! Merci pour tous vos commentaires !!! On vous embrasse tous et a très vite ! 😉

  5. Long mais chouette post ! Bon j’ai pas fait l’effort de lire tout le blog. Le temps passe vite. Déjà 5 semaines. Shimishanga quand vous vous voulez. Enfin, nan si Guy prend le temps de se raser 😀

  6. Je crois que j’ai lu tout l’article d’une traite et la bouche grande ouverte. Superbe expérience pour vous et que vous savez nous transmettre ! Merci pour cette pépite ! 🙂

    1. Bonjour Isabelle, merci pour ce commentaire ! On ne manquera pas de suivre ton voyage sur ton blog ! La Corée du Sud est toute à toi, profites-en bien !!

  7. Incroyable récit dont j’ai eu plaisir à lire chaque mot ! J’étais plongé dedans, j’avais presque peur pour vous. Le fait que vous l’ayez écrit signifie que vous êtes revenus mais comme pour les films d’action, même si on connait la fin, on a peur pour le héros !. C’est littéralement un autre monde que vous avez visité ! Ça a du être à la fois effrayant et fascinant ! J’imagine bien que vous n’avez raconté qu’une fraction de votre expérience tant ce pays semble revêtir une vérité occultée. J’ai découvert ce pays autrement que par les journaux et c’était très intéressant. Je ne douterais pas qu’un jour tu écrives un livre sur tes voyages (je suis surement pas le seul à le penser !).

    (PS : Mention spécial pour le métro 0% pub ! Ça doit être rafraichissant ! Bon, c’est gâché par le culte des personnalités malheureusement.)

    1. Merci mon cousin 😉 C’était définitivement un voyage fascinant. Ce qui l’a été plus encore, ça a été l’occasion unique qui nous a été donnée de voir à la fois le Sud et le Nord et de constater visuellement l’écart gigantesque qui sépare ces peuple…

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