La Corée en vert

Iphone 002Le Seoraksan, un des plus beaux – si ce n’est le plus beau – parc de Corée du Sud. La brochure ne mentait pas, ce parc national est absolument fantastique ! C’est là que nous avons échoué après avoir quitté Séoul. Nous devions nous rendre à Chuncheon d’abord. Ce que nous avons fait. On a pris un bus, puis un taxi qui nous a emmené jusqu’à l’embarcadère du ferry qui devait ensuite nous emmener sur une toute petite île où nous nous apprêtions à camper, manger du poulet grillé (spécialité locale) au barbecue. La totale. Le taxi nous dépose, « merci aurevoir ! » puis on se retourne (je suis sûre que vous imaginez la scène) et là c’est la désolation. Pas un pékin, pas l’ombre d’une activité. Je me demande même si on a pas vu passer d’énormes boules d’herbe sèche comme dans les bons westerns. C’est là l’embarcadère des ferry ? Plus on s’approche et plus il semble qu’on soit dans un mauvais film d’horreur : de la rouille, des toiles d’araignées, un barrière qui couine, un bureau des tickets qui paraît fermé depuis au moins quelques années, des dizaines de bâteaux enfin, ballotés par les remous du lac, qui semblent avoir jetés l’ancre avant la guerre. On se dit que les gens sont peut-être partis manger, qui sait ? L’espoir fait vivre. Un jeune homme arrive au volant de sa voiture rutilante, s’avance, lit (lui) le panneau en Coréen, puis commence à faire demi-tour pour s’en aller d’un pas léger. On l’interpelle et il nous explique avec ses trois mots d’anglais qu’ils n’y aura plus de départ de ferry pour l’île avant 2015 au moins, le temps que Legoland (un parc d’attraction) soit achevé. C’est marrant, le Lonely avait dit tout l’inverse. Grrrr.

Bon ce n’est pas grave, on rebondit immédiatement, on est frais comme des gardons. Un taxi est là (comme par hasard ?), on saute dedans et il nous ramène à la gare routière. On ne va pas moisir ici après tout, on passe à notre étape suivante: le Seoraksan ! On prend immédiatement un billet pour le bus suivant et nous voilà partis.

Après 5h en tout de trajet, nous arrivons donc sur l’autre côte de la Corée. Il faut reprendre un bus pour aller jusque dans le Parc. On a prévu de camper, mais ce qu’on ne savait pas c’est que le camping est à 6km de l’entrée du parc. Et dans le parc évidemment, le camping est interdit. Il faudra donc prendre un bus le matin pour rejoindre le parc.

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On plante donc notre tente toute neuve pour la première fois au beau milieu d’une vaste étendue d’herbe. Tout autour de nous, des coréens se sont échappés de la folie de leur vie quotidienne pour venir planter également leur tente. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on fait pâle figure à côté d’eux. Ils sont carrément tous SURREQUIPES. La tente dernier cri d’au moins 30m2 (on exagère à peine), voire même un réseau de tentes (la tente pour les enfants, celle des parents, celle des cousins…) les chaises, les tables, le barbecue, toute la vaisselle, la télé, l’étendoir à linge, les matelas, le frigo… On leur a même un peu fait pitié avec notre petite couverture de survie en guise de nappe pour manger et cuisiner le soir, assis par terre comme des malpropres ! On achète de quoi manger pour le soir, le lendemain matin et le pique-nique du midi. Ce sera assez frugal : des nouilles instantanées pour le soir, un paquet de biscuits et un jus d’orange pour le matin et des oeufs durs, du thon en boîte et du riz déjà cuit pour le midi ! Et puis vient le moment de la douche. Et je découvre au moment où j’y rentre et alors que des femmes en tenue d’Eve nettoient leurs enfants, qu’elles sont communes… C’est juste une vaste pièce assortie de 3 ou 4 pommeaux de douches. Argl. S’il y avait eu de l’eau chaude encore, ou ne serait-ce que un tout petit peu tiède, ça aurait déjà été pas mal !

Après une nuit très légère (les coréens font la fête tard !), on se lance à l’assaut du parc !

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La première journée, nous avons randonné sur une quinzaine de kilomètres tout en profitant de panoramas exceptionnels. On s’est enfoncés dans une première vallée au bout de laquelle on est tombés sur une cascade de plus de 30m de hauteur.

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Puis, nous dirigeant vers un autre recoin du parc, c’est un ensemble de temple et un Bouddha gigantesque qui se sont offerts à nos yeux.

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Suivis par des Libellules (elles pullullent litérallement en Corée) et des petits rongeurs , nous avons remonté le lit de la rivière avant d’arriver à un autre réseau de cascades.

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Un panneau indique une grotte à 600m sur la gauche. 600m ? Une broutille, allez hop on y va ! C’était sans compter sur le fait que les 600m ne se faisaient pas à plat mais… vers le haut. Il nous aura fallu plus d’une demie heure pour y arriver, tout ruisselant de sueur et halletants. Bon, ca valait le coup. La vue de tout en haut est à couper le souffle. On distingue la rivière dont nous avons remonté le cours, le sommet du Seoraksan et des pics granitiques (comme celui dans lequel nous sommes) que quelques sportifs aguerris sont en train d’escalader. La descente est vertigineuse, mais une autre randonnée nous attend !

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On continue de remonter la rivière lorsque nous sommes pris dans une énorme averse de mousson. On fait demi tour et philosophiquement, on se dit que « oh, c’est de la pluie, c’est rien ». Il ne nous faut pas 2 min à ce rythme là pour que t-shirt et short deviennent transparents et collent à la peau. On ruisselle litérallement. On a bien pensé à prendre un parapluie, mais il a fait le tour du monde et par conséquent, il a un peu vécu. On se rend compte en s’abritant dessous qu’il laisse passer une goutte sur deux… ! Très vite on patauge, nos chaussures sont gorgées d’eau. Et nous sommes à 2h de marche de l’entrée du parc. Bientôt, on ne peut plus avancer, la pluie est trop forte. Même les arbres ne nous sont d’aucune aide. Alors on attend, aggripés tous les deux au manche de IMGP5139notre petit parapluie orange rouillé. La rivière gonflée rugit en dévalant les pentes de la vallée. Bon, on ne va pas rester là, il faut avancer. Guy préfère « quitte à être mouillé », avancer sans parapluie. On cavale dans les pentes, on saute de rocher vermoulu en rocher branlant et bientôt on arrive à un petit pont en dessous duquel s’abriter. D’ici, il ne nous reste qu’1h de marche. La pluie se calme un peu. Des personnes sont toujours accrochées sur les pics granitiques et terminent leur ascension tant bien que mal. On est tout de même mieux au sol. Le temps qu’on arrive au camp, on est déjà secs (oui parce qu’il fait tout de même 30°). Et surtout, le soleil est de la partie.

Le lendemain nous sommes partis à l’assaut d’autres pic granitiques, ceux qui ont conféré au parc sa célébrité. IMGP5160IMGP5173Il faut 2h d’ascension pour parvenir au sommet. On fait un premier arrêt pour tenter de pousser cette pierre (paraît-il qu’un petit groupe de personne peut réussir à la faire bouger) et on poursuit jusqu’en haut. Evidemment, le temps qu’on arrive, le temps s’est couvert et un épais voile de brume s’est abattu sur le Seoraksan. On s’assied donc là sur ce tout petit sommet de quelques mètres carrés. Deux rangers du parc sont présents dans leur petit cabanon, et bientôt on est rejoints par d’autres coréens qui viennent naturellement discuter avec nous, nous poser des questions sur nos vies. Vous devriez voir la petite étincelle qui s’allume dans les yeux des coréens lorsqu’on leur dit que l’on vient de France et surtout de Paris. « Aaaaah Franzhouu ! Eiffel Tower ! Very good ! » est la réponse la plus commune. Ils sont très sympas.

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Une énorme averse (tiens, ça nous avait manqué) s’abat sur nous, juste après que les rangers aient eu la présence d’esprit de tendre une énorme toile en nylon au dessus des barrières. On est à l’abri au moins, tout va bien. On regarde tomber la pluie autour de nous, puis la magie s’opère : les nuages se dispersent et laissent place à un panorama époustouflant. Les pics se dévoilent légèrement et la présence persistente de la brume leur donnent un aspect un peu mystérieux. C’est superbe !

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On ne vous parlera pas du retour ? Pire que la veille, la pluie ne nous a pas épargnée. On ne pensait pas qu’il pouvait pleuvoir plus fort qu’hier ! Et dire qu’on avait presque réussi à faire sécher nos chaussures (ce qui est une gageure en camping…!)… Et dire – surtout – qu’on a des vestes imperméables coupe vent toutes neuves dans nos sacs, qu’on a laissé au camping ! Après 45min de descente à ce rythme, on s’abrite sous un petit temple. Puisqu’on est là, on en profite pour pique-niquer et on fera le reste du chemin après manger. Ca a été plutôt laborieux, mais finalement assez drôle: les chaussures de Guy se sont mise à baver, comme un chien enragé. Une épaisse mousse un peu dégeu à fini par sortir des aérations du côté. C’est pour vous dire !

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Au menu ce soir là ? Un barbecue de chaussures !

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Après deux jours de randonnée, nous quittons le Seoraksan à regrets. Le parc est vraiment splendide, même s’il est dommage qu’on ne puisse pas y camper.

On a entendu parler d’un temple hors d’age et très tranquille plus au sud. Si on allait y faire un tour ? On quitte le camping tôt le matin (mardi, 7h30), pour filer à la gare routière. Il n’y a pas de bus qui désserve notre destination. Il faut en prendre un premier pour Wonju, et on verra ensuite à Wonju s’ils ont des bus pour Danyang. Heureusement pour nous, ils ont ce qu’il nous faut. Arrivés à Danyang, il ne nous reste plus qu’à trouver où dormir, ce qui est chose faite en quelque minutes. On cherche immédiatement un endroit pour faire notre lessive : notre linge du camping est dans un état déplorable et sent franchement mauvais. On a l’impression de sentir mauvais (ça faisait longtemps que ça nous était pas arrivé…!). Genre chien mouillé, vous voyez ? La lessive faite, on prend deux billets de bus pour aller voir le temple Guin-Sa à une demie heure de route encore (oui, c’est un peu la croix et la bannière, mais ça valait le coup !).

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Il s’agit d’un ensemble d’une trentaine de temple ramassés dans une vallée étroite. Au dessus de tous les autres, le somptueux temple majeur et tout en haut de la montagne, après des milliers de marches (on a renoncé à les compter), le Nirvana (ce n’est pas une blague, c’est comme ça que s’appelle le sancturaire au sommet, tombeau du fondateur de cette secte bouddhique !) et une vue splendide sur la vallée. Depuis notre arrivée, plusieurs personnes nous ont spontanément aidé pour trouver notre chemin dans ce dédale de temples, nous montrer un moyen plus rapide d’arriver au sommet ou encore pour manger. A 19h, alors que nous passions devant la « cantine » du temple, une femme nous invite à y entrer. Iphone 004Il servent des repas gratuits et végétariens. Bon et bien on ne se fait pas prier. Une vieille femme nous invite à nous assoir en face d’elle. On se dit bonjour et rien de plus. La barrière de la langue rend difficile la communication. Mais on y arrive tout de même avec des gestes, un sourire. Comme dit Guy, « C’est certes moins dense comme conversation, mais c’est plus intense ». On redescend après près de 3h de visite tranquillement vers les bus. Ce qu’on ne savait pas pendant qu’on avalait notre riz au Kimchi en souriant à la dame, c’est que le dernier bus était parti depuis des lustres.

Nous voilà donc, les bras ballants, face à l’arrêt des bus complètement fermé et plongé dans le noir. Personne ne passe ici, la route ne mène qu’au temple. La nuit tombe. Une voiture passe puis plus rien. On est au milieu de nulle part et à une demie heure  de route de Danyang. Gloups. La dernière voiture venant du temple, celle d’un ranger, passe. On l’arrête, un peu désespérés. Il ne parle pas un mot d’anglais. Il comprend qu’on est coincés et nous dit que si, il y a un bus. Mais demain. Pendant ce temps, un bus arrive… miracle ! Mais non, le chauffeur nous fait signe qu’il ne va pas à Danyang, c’est terminé. Il a fini son service. Guy parlemente avec lui tandis que je reste à côté du ranger. Il me dit qu’il a appelé un taxi lorsque Guy me fait signe de rappliquer en 4ème vitesse et de monter dans le bus. Le chauffeur nous ramène à Danyang. Il gare son bus (avec nous dedans) au dépôt puis nous fait monter dans son énorme voiture Hyunday flambant neuve. Il ramène deux de ses collègues. Nous voilà serrés comme des sardines dans la voiture d’un inconnu qui ne parle pas un mot d’anglais, et qui s’est gentillement proposé pour nous ramener. Il nous dépose au pied de notre Guest house et n’accepte rien de notre part. On le remercie 1000 fois et… on file ce coucher, heureux de pouvoir dormir ce soir dans un lit.

Nous quittons la ville dès le lendemain pour nous diriger encore un peu plus au Sud. Nous visons cette fois-ci Andong, qui sera notre base de départ pour aller visiter la campagne et voir notamment le village d’Hahoe, établi dans un creux de la rivière depuis la dynastie Joseon, il y a 600 ans. Il est classé au patrimoine mondial de l’Humanité, on ne peut pas rater ça ! Nous revoilà donc partis en bus et très vite arrivés à Andong où nous avons la mauvaise surprise de découvrir  que la gare routière est en fait à plusieurs kilomètres de la ville. Ce qui veut dire qu’il faudrait reprendre un bus pour aller en ville, trouver une guest house, puis reprendre un bus dan l’autre sens jusqu’à la gare et encore un pour aller à Hahoe. Ca nous fatigue déjà ! On décide du coup de laisser nos sacs dans des consignes à la gare et puis d’aller visiter Hahoe tout de suite. Le village se situe à 1h de route d’Andong, niché entre des rizières à perte de vue, des montagnes et une petite rivière. Il abrite 260 personnes qui perpétuent là le mode de vie traditionnel de la Corée d’antan. C’est un peu comme mettre les pied il y a 600 ans dans la Corée des Joseon.

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Alors rassurez-vous, les habitants ont des voitures, des télé et certainement Internet. Mais ils vivent de ce qu’ils cultivent sur place et sont installés dans des maisons aux toits de chaume, en adobe et aux cloisons en papier pour certains, et au toit de tuile pour d’autres. Les maisons aux toits de tuile ressemble à des temples et certaines sont plusieurs fois centenaires. Le village est très calme, baigné par un soileil brûlant. Quelques paysans cultivent leur potagers, d’autres sculptent des masques traditionnels de la région d’Andong.

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On entend aucun bruit si ce n’est celui des grillons. C’est d’un calme reposant. On déambule dans les petites ruelles et parmi les petites plantations de piment, de maïs et les rizières. L’âme du village réside en son centre : un énorme arbre abrite la déesse Samsin qui veille depuis 600 ans sur toutes les âmes qui vivent ici. Des milliers de petits mots sont accrochés autour. Ce sont des voeux. On a aussi laissé le nôtre.

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Un petit bateau nous dépose de l’autre côté de la rivière. Guy a repéré un énorme promontoire rocheux au sommet duquel on doit avoir une vue imprennable sur le village et les alentours. Effectivement, la vue de tout en haut nous permet d’embrasser le village et son arrière plan montagneux d’un seul regard. C’est splendide. La Corée, c’est donc aussi ça. Une belle surprise.

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On repart avec nos coups de soleil et l’impression d’avoir passé une très bonne après midi au calme, à la campagne.
On décide finalement sur un coup de tête de ne pas rester sur Andong. On prend immédiatement un bus pour Gyeongju à 1h30 de route plus au sud. Gyeongju est surnommée « le musée hors les murs »… on va aller voir ça d’un peu plus près.

Ci-dessous, une petite carte faite-main pour comprendre notre trajet…

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Merci pour vos petits mots et à très bientôt !

Céline & Guy

PS: Anh et Bruno, on vient de voir vos commentaires ! Ils étaient mis en indésirables par WordPress… ils sont en ligne désormais ! Merci !!

8 réflexions sur “La Corée en vert

  1. Comme à votre habitude, vous écrivez super bien, on prend beaucoup de plaisir à vous lire, et ça donne envie de vous rejoindre ! C’est vraiment mieux que les cartes postales ! Merci

    1. Merciiii pour tes compliments Bebert ! 😉 C’est un plaisir pour nous de partager ce qu’on vit ici, et surtout de savoir que nous sommes lus 😉

  2. Lol,  » on est frais comme des gardons », j’imagine les gardons bien frais que vous deviez être ;))))

    Bisous et merciiiii

  3. C’est vraiment l’aventure ! Pas de ferry, prochain bus le lendemain, la mousson, le camping minimaliste…. Mais de très belles balades ou randonnées ! Merci pour les photos et le récit. Comme le dit Bertrand, c’est mieux qu’une carte postale ! Pleins de bisous !

  4. C’est magnifique, j’imaginais pas ça comme ça. Sur-équipés et criant Franssou franssou, oui ça me rappelle bien les Coréens qu’on a rencontré lors d’un trek sur Borneo 🙂
    J’ai hâte de voir les prochaines étapes !!!

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